coronavirus... et après?Vahé Zartarian
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Depuis quelques jours je cherchais une explication à cet événement qui affecte toute l’humanité. Selon mon habitude, j’ai arrêté d’y penser, jusqu’à ce qu’un matin quelques idées déboulent dans mon esprit et se jettent en mots sur une feuille de papier. Pensant qu’elles pourraient vous intéresser, je vous les livre telles qu’elles.
Juste deux remarques préalables. Vous êtes
libres de reproduire ce document à condition de ne pas l’amputer.
Pour rester court, je ne suis pas rentrer dans des
détails. Ceux qui en veulent davantage trouveront sur ce site de quoi nourrir leur réflexion.
coronavirus: il n’est pas le problème, il est la solution!
L’événement qui frappe aujourd’hui
l’humanité entière impacte directement et sévèrement les
individus et les sociétés. De manière tout aussi directe et
sévère, cela remet en cause à l’échelle planétaire le modèle
de développement de ces dernières décennies. Les limites dudit
modèle sont patentes depuis longtemps, mais rien jusqu’ici n’a
permis de l’infléchir et encore moins de le remplacer, que ce
soient des crises financières, sociales, industrielles ou
écologiques. Et voilà qu’un modeste virus met à bas la finance,
l’économie, les croyances sur les insurpassables bienfaits du
néolibéralisme et de la mondialisation, et plus encore les
croyances sur la toute-puissance de l’homme.
Cette révélation est pour beaucoup longtemps
restée au seuil de la conscience. Elle est maintenant apparente aux
yeux de tous. Elle a hélas un prix: des dizaines de milliers de
morts. Mais chacune de ces morts est signifiante, comme un message à
tous.
Chez les plus jeunes, elle veut dire le refus de
ce monde qui n’offre plus, à leurs yeux, une qualité de vie
satisfaisante avec les autres et la planète entière, ni des
possibilités d’épanouissement.
Chez les plus âgés, encore davantage impactés
par l’issue fatale de la maladie, c’est une manière acceptable
de sortir du jeu en disant que cela n’a pas de sens de vivre aussi
longtemps dans de telles conditions: sentiments de solitude,
d’inutilité, d’enfermement, que ce soit dans des institutions,
dans des corps invalides, ou des cerveaux déficients.
Le coronavirus apparaît ainsi comme une solution
collective à des problèmes collectifs. Mais cela ne vaut que sur le
court terme, pas sur le long terme. Les limites de cette solution
sont d’ailleurs déjà visibles. Principalement trois:
Tous les gouvernants profitent de l’occasion
pour renforcer le contrôle des populations. On peut être sûr
qu’une fois la crise passée très peu reviendront en arrière. Les
atteintes à la liberté risquent d’être durables.
Contrairement à des crises précédentes qui ont
favorisé l’émergence de solidarités et d’expérimentations
locales en tous genres, celle-ci conduit au repli. Repli sur la
famille et la nation, le confinement devenant miroir grossissant de
tous les dysfonctionnements. Mais le pire peut-être est la
rumination de la peur, déjà bien cultivée depuis deux décennies
par la sphère politico-médiatique avec la menace terroriste. Or la
peur n’est pas créatrice.
Enfin, restent à inventer des modèles
alternatifs satisfaisants pour les individus et fonctionnant bien au
niveau collectif. Nul doute que si la crise est courte, presque tout
redeviendra comme avant. Certes on s’efforcera de corriger quelques
dysfonctionnements. Mais comme c’est le paradigme qui les a
engendrés qui servira à les corriger, ça n’ira pas bien loin. Et
si la crise s’installe dans la durée, ce sera probablement un
temps de chaos et d’exacerbation des replis. Dans tous les cas on
assistera à une baisse de l’espérance de vie et une baisse de la
fertilité, d’où une population totale diminuant progressivement.
À partir de là tout sera vu
différemment.
Nous vivons bien un temps d’apocalypse,
au sens propre de révélation. Ce n’est pas un changement à
proprement parler, juste la révélation de limites. Ce n’est qu’un
premier pas nécessaire avant leur franchissement mais pas encore
leur franchissement.
Les individus de notre espèce ont la faculté de
discernement. Le moment est peut-être venu d’en faire usage à
grande échelle, d’un part pour ne pas retomber dans les fanatismes
en tous genres, d’autre part pour nourrir le désir de créer des
nouvelles conditions satisfaisantes pour toute vie. L’occasion
enfin pour chacun de se réapproprier son pouvoir créateur en le
mettant au service de la plus grande œuvre d’art qui soit, la vie.
Gardons juste à l’esprit que les grandes
transformations, qu’elles concernent l’individu ou le collectif,
s’inscrivent dans le temps. Le moment du changement proprement dit
peut être instantané, mais la préparation pour atteindre le point
de basculement est souvent longue. C’est important d’en être
conscient sinon, sous prétexte de prendre des raccourcis, l’on
risque une fois encore de se dessaisir de son pouvoir créateur pour
le remettre aux mains d’autres, qui s’empresseront de s’en
emparer, à notre détriment, toujours.
Au niveau de chacun, l’on peut observer le
processus de transformation, ou son absence, dans le cadre de la
maladie. Bien des maladies sont la seule solution qu’un individu
trouve à des problèmes non conscientisés et non résolus.
Éradiquer les symptômes ne suffit pas à résoudre lesdits
problèmes antérieurs à la maladie. Celle-ci ne fait que les
révéler. Et s’ils ne sont pas réglés autrement, les symptômes
morbides risquent de reparaître, sous cette forme ou sous une autre.
Donc, de manière plus générale, sans prise de conscience, une
apocalypse ne sert à rien.
Au niveau collectif, survolons à titre d’exemple
une page de l’histoire de l’Europe. Au 14e siècle, entre un
tiers et la moitié de la population meurt de la peste. Cela ne
manque pas de susciter des remises en cause de l’ordre établi. Il
n’empêche que la féodalité et l’église gardent le pouvoir, et
que la vie quotidienne ne change pas. La guerre de cent ans, les
guerres de religions, les guerres entre empires ont plus d’impacts
sur le peuple qu’une Renaissance faite par et pour une élite de
lettrés. Une nouvelle vision du monde n’émerge qu’au 17e
siècle, qui s’étend et devient source d’un nouveau modèle de
société au 18e, pour s’incarner et se généraliser au 19e. Plus
de quatre siècles pour redonner un sens tout différent à la vie
puis transformer de fond en comble l’Europe et le monde!
Espérons qu’on fera mieux cette fois-ci.
Quoiqu’il en soit, ce ne sera jamais court parce que ce qu’il
faut changer d’abord, ce n’est pas ce qui semble dysfonctionner
dans le monde extérieur, c’est la vision du monde elle-même.
Une Vision, c’est tout un ensemble de croyances
partagées qui disent à chacun ce qu’il est, ce qu’est le monde,
le sens de la vie, les rapports avec tout-ce-qui-vit,
tout-ce-qui-est. Notre espèce a la faculté d’inventer de telles
Visions. On comprend que le processus qui va de l’invention d’une
Vision à son incarnation collective s’inscrive dans le temps,
celui qu’il faut pour que cela diffuse dans les esprits en
suscitant désir et enthousiasme.
Sachant cela, la chose la plus sensée à faire maintenant, c’est de rêver...
coronavirus: et après?
Pierre Dac nous a mis en garde: « La prévision est difficile surtout lorsqu'elle concerne l'avenir. » Il n’empêche, je vais m’y essayer, en prenant le risque de me tromper bien sûr, et en espérant rester audible dans la cacophonie ambiante.
Alors pourquoi est-ce si difficile?
Une première raison est bien connue:
l’imprévisibilité des innovations.
Moins connue mais plus fondamentale: le changement
des valeurs au fil des générations, de sorte que même dans un
contexte sans innovations, le futur reste incertain. Que voudront
vivre les générations futures, individuellement et collectivement?
À quoi assigneront-elles du
sens, de la valeur? Par exemple, l’agriculture aura-t-elle encore
un sens si la population humaine diminue notablement? Beaucoup
préféreront peut-être retourner à un mode de vie nomade plus en
contact avec une nature redevenue sauvage.
Ceci dit, peut-on tout de même émettre quelques
avis sensés sur ce qui adviendra après cette crise du coronavirus?
Découper ce siècle en trois devrait faciliter la tâche:
- le long terme, disons après 2050,
- le moyen terme, en gros de 2030 à 2050,
- le court terme, soit les quelques années qui
viennent.
Beaucoup affirment que la sortie de la crise va
inévitablement s’accompagner de profondes remises en question
contraignant enfin à de ‘vrais’ changements. Pour ma part je
suis plus dubitatif, et ce pour deux raisons que résument bien ces
propos de deux grands physiciens:
1. « On ne peut pas résoudre un problème
avec le même mode de pensée que celui qui a généré le
problème. » (attribué à Einstein)
2. « Une nouvelle vérité scientifique ne
triomphe jamais en convainquant les opposants et en faisant voir la
lumière, mais plutôt parce que ses opposants finissent par mourir,
et qu’il naît une nouvelle génération à qui cette vérité est
familière. » (Max Planck)
Le premier point est bien illustré par
d’innombrables ‘nouveautés’, certaines qualifiées même de
‘révolutionnaires’, qui s’avèrent n’être, à bien y
regarder, que des avatars du paradigme mécaniste-matérialiste.
Chacun trouvera facilement des exemples dans des domaines aussi
variés que la médecine, l’agriculture, la technologie, etc.
La Vision du Monde dominante n’a guère changé
au fil des crises précédentes, et ce n’est pas la dernière en
date qui subitement va la faire changer. La citation de Planck
explique pourquoi: une succession de générations est nécessaire
avant qu’un réel changement imprègne suffisamment les consciences
pour pouvoir s’incarner. Les crises provoquent des réactions
immédiates du genre « ça ne peut plus durer », « plus
jamais ça », mais elles ne sont pas par elles-mêmes
créatives, sinon pour contraindre à se débrouiller au jour le jour
pour survivre. Elles suscitent un besoin de changement qui, dans le
meilleur des cas se traduit par l’appropriation d’idées
nouvelles préexistantes, qui ensuite auront besoin de temps pour
mûrir et se diffuser.
Donc, c’est quasi inévitable, aucun changement
important ne se produira dans les années qui viennent.
Attention, je ne dis pas qu’il ne se passera
rien, que tout ceci sera sans conséquences. Je dis juste que les
évolutions que l’on observera seront des produits du mode de
pensée existant, celui-là même qui a engendré les crises.
L’histoire nous montre que des crises, même de grande ampleur,
n’entraînent pas fatalement des changements majeurs. Par exemple,
la première guerre mondiale, à quoi est venue s’ajouter la grippe
espagnole, n’ont pas provoqué un changement de civilisation,
seulement à faire la même chose en plus efficace en restant dans la
vision matérialiste.
Notons qu’à l’inverse les périodes de calme
relatif sont plus favorables à la créativité. Pour rester au début
du 20e siècle, c’est avant les crises juste évoquées qu’ont eu
lieu d’énormes sauts conceptuels en physique, en psychologie, en
art, en philosophie, etc.
Pour en revenir à la situation actuelle,
concrètement, la plupart des gouvernants prendront prétexte des
circonstances pour renforcer le contrôle des populations. Sans
retour en arrière possible tant elles auront été rendues passives
à grands coups de menaces (culture de peurs en tous genres), de
déconnexion de la réalité via les réseaux sociaux et autres
mondes virtuels, ainsi que de saupoudrage d’aides pour fluidifier
un minimum les relations sociales. Tandis que les mêmes gouvernants
continueront de gouverner, et les financiers de faire de l’argent.
Comme sur le fond rien n’aura changé, d’autres crises
surviendront inévitablement, qui n’aboutiront à leur tour qu’à
de nouveaux renforcements de tout ça.
Heureusement, quelques individus parviendront à
garder une autonomie de pensée et de vie en se coulant dans des
interstices. Mais cela aura un prix: soit une forme de schizophrénie
entre garder un pied dans le monde ancien et mettre l’autre dans le
nouveau, soit la solitude dans une forme d’érémitisme, soit un
risque de surveillance accrue dans des Oasis, écovillages, ou autres
lieux de vie collectifs (cf. Notre-Dame des landes).
À
moyen terme, les choses sont beaucoup moins claires.
Si les
disruptions provoquées par des crises successives sont importantes,
viendront des temps troublés. Par exemple de grandes pannes
électriques mettraient à bas les systèmes informatiques, donc les
réseaux sociaux, les réseaux de surveillance, les réseaux
d’approvisionnements... Remarquons que c’est dans ce genre de
chaos que beaucoup vivent déjà au quotidien en Amérique Latine, en
Afrique, au Moyen-Orient, etc. Donc les plus impactés par ces
disruptions seront les pays les plus développés. Ce genre de chaos
élargira les interstices où se développeront des modes de vie
alternatifs. Mais qu’on ne s’y trompe pas, tous ne seront pas des
Oasis de liberté et de fraternité. Surgiront en même temps
quantité d’initiatives plus rétrogrades sur fond ethnique,
religieux ou de simple survie du plus fort (l’éclatement de la
Yougoslavie est encore proche).
Si en revanche
les disruptions restent modérées, alors l’on s’acheminera de
manière plus douce vers un changement en profondeur. La raison en
est simplement que la population humaine est appelée à baisser,
sans drame, parce que la fertilité et la fécondité baissent déjà,
de même que l’immunité.
Qu’elles qu’en soient les cause
(pollution, pesticides, médicaments, ondes électromagnétiques,
etc.) le moment viendra où les générations ne se renouvelleront
plus. À
partir de là tout sera vu différemment.
Finalement, sur
le long terme, deux scénarios se dessinent:
Si aucune Vision
alternative crédible et
enthousiasmante n’a diffusé
dans le collectif, alors l’on verra resurgir
les vieilles recettes, à savoir: une société mécaniste s’il
reste une organisation et des
bases technologiques suffisantes, ou des théocraties, sans oublier
les inévitables potentats
locaux et autres seigneurs-saigneurs.
Si suffisamment
d’individus ont profité des années qui viennent pour faire leur
révolution intérieure, si des
idées nouvelles ont suffisamment diffusé, alors l’on assistera à
l’éclosion d’une véritable civilisation nouvelle.
Ce second
scénario a évidemment ma préférence. C’est
à cela que j’œuvre depuis des
décennies dans mes recherches qui tentent une synthèse entre
sciences de pointe, expériences en états de conscience modifié,
spiritualités,
épistémologie, histoire
humaine sur le temps long... Tout ceci développé dans des ouvrages
aux titres évocateurs: nos
pensées créent le monde,
le jeu de la création,
vers l’homme de demain,
l’esprit dans la
matière, Kosmogonie
la conscience créatrice.
Fort heureusement, beaucoup
d’autres œuvrent
dans ce sens. Ce que
l’histoire retiendra? mystère! Quoiqu’il en soit, c’est ici
que ça commence, d’où
tout le
reste découle: qu’est-ce
que la réalité? qu’est-ce que la vie? qu’est-ce que la
conscience? qu’est
‘je’?
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