L'esprit dans la matièrede
Vahé Zartarian(éditions
Georg,
1998)
|
publié par GeorG |
Ce livre est né d'un coup de colère en voyant ce qu'est devenue la science. Ou bien elle est considérée comme détentrice de l'unique et infaillible vérité, seule apte à résoudre les innombrables problèmes qui accablent les hommes et la planète, ou bien elle est rejetée en bloc comme cause de tous les maux. Dans le premier cas, l'on a affaire à une science pervertie par des querelles égotistes, politiques ou économiques, à une science devenue dogmatique et intolérante à force d'autosatisfaction, à force de confondre succès et vérité. Pour les tenants de cette science, toute la réalité est réductible à la matière, et la conscience est complètement ignorée. De là tous les excès comme les organismes génétiquement modifiés, le clonage d'animaux (il est même question d'humains dans pas longtemps), sans parler du gâchis nucléaire ou de carrières brisées pour avoir oser émettre des opinions non conformes au dogme.
De l'autre côté, il y a ceux qui, voyant ces excès, rejettent d'un bloc toute la science, considérant que les seules connaissances valables sont données par la foi ou bien par l'ouverture de la conscience dans des états modifiés comme la transe. C'est aller un peu vite ! Leur tort est de condamner l'outil pour une faute commise par l'être humain qui le manie. Solution de facilité qui au fond ne résout rien. Car on ne peut s'empêcher de constater que la science, du moins certaines branches comme la physique, réalise des prédictions d'une étonnante précision. C'est donc qu'elle a tout de même quelque chose d'intéressant à nous dire à propos de la nature de la réalité.
Entre ces deux extrêmes, il y a place selon moi pour une autre science, une science qui aide l'homme à grandir et ne soit plus un outil de pouvoir, de transformation et de domination du monde. Cette conception n'est pas complètement neuve. Quelques siècles auparavant, la science était conçue comme faisant partie intégrante de la philosophie. Regarder le monde au-dehors était une voie pour révéler les forces créatrices qui animent l'univers, et révéler à lui-même celui qui dévoile ces mystères. Je propose que la science reprenne cette place que la peur et l'avidité des hommes lui ont fait quitter.
L'autre reproche que j'adresse à la science actuelle est d'être borgne ! Elle s'acharne à ne voir qu'une moitié de la réalité, celle de la matière au-dehors, et refuse d'admettre l'existence d'une dimension immatérielle, celle de la conscience au-dedans. Pourtant, s'il y a bien une chose dont nous puissions être certains, c'est que la conscience existe. Nous pouvons nous interroger longuement sur la réalité de ce qui nous percevons ou pensons, mais pas du fait même de la prise de conscience. C'est donc que toute science digne de ce nom doit partir de là et arriver là. C'est pourquoi je montre dans ce livre que, contrairement aux allégations communes, l'étude de la matière ouvre la porte à une dimension immatérielle, que, par commodité et faute de mieux pour l'instant, j'appelle l'esprit.
Ces problématiques ne sont pas vraiment nouvelles, et d'autres auteurs les ont abordées avant moi. En revanche, est nouvelle la façon de les traiter. J'ai voulu faire un livre de raison. Il n'assène pas des vérités sorties d'on ne sait où, ni ne force des opinions par des analogies ou des métaphores. Il enchaîne rigoureusement des arguments. Ces arguments sont tirés de la science, car c'est un livre de science autant qu'une réflexion sur la science. Non pas des sciences 'molles' où l'on peut dire tout et son contraire, ni des sciences embryonnaires encore sujettes à caution, ni des pseudo-sciences qui se réclament d'elle sans en avoir la rigueur méthodologique. Les théories scientifiques auxquelles je fais appel sont parmi les mieux établies, notamment la physique, et tous les faits et expériences cités sont reconnus sans conteste par l'ensemble de la communauté scientifique. Pour autant, ce livre n'est pas difficile à lire. Il a été écrit pour être accessible à un public aussi large que possible, sans exiger aucune connaissance scientifique préalable. Cela permet à chacun de se réappropier un débat dont la technicité le confine habituellement à des cercles d'initiés. Débat important puisque la vision du monde et de l'homme donnée par la science se reflète aujourd'hui dans toute la société, de l'économie à la médecine en passant par l'art ou l'alimentation. C'est donc de notre avenir et de celui de la planète qu'il est question au bout du compte.
1. la réalité de la matière
2. la matière de la réalité
3. la lyse
4. son et lumière
5. l'esprit
Dans le premier chapitre, je montre, à partir de 3 modèles de la gravitation, qu'aucune théorie scientifique ne doit être considérée comme une description de la réalité. Cela ne signifie pas que la science n'ait rien à nous dire à ce sujet. C'est juste que l'essentiel se situe au-delà des apparences, c'est-à-dire au-delà d'une lecture au premier degré du discours scientifique.
C'est un tel travail d'aller au-delà des apparences qui est fait dans le deuxième chapitre. A partir de faits et d'expériences inspirés de la théorie de la relativité et de la physique quantique, on voit peu à peu se dissoudre les notions communément associées à la "matérialité du monde" comme la masse ou l'espace-temps. Bref, la matière en son fond apparaît complètement immatérielle !
Le troisième chapitre montre que la partition du monde physique en objets séparés n'est pas une caractéristique objective de la réalité qui s'impose du dehors à un observateur passif. Des arguments tirés des théories de la perception et de la logique formelle prouvent que l'espace et les formes qu'il contient sont des constructions de conscience.
Le chapitre quatre prolonge la réflexion précédente avec l'étude du son et de la lumière. Il en ressort que : ce ne sont pas les ondes acoustiques qui engendrent des sons, c'est l'esprit qui se sert de ces ondes pour se construire des sensations sonores ; de même, la lumière n'est pas une propriété des photons, c'est l'esprit qui se sert d'eux pour se construire des sensations lumineuses grâce à l'entremise de l'il-cerveau.
Le chapitre cinq enfin ouvre la porte à des développements futurs sur une approche scientifique d'une réalité immatérielle, avec des exemples tels que les photons 'télépathes', les coévolutions entre plantes et insectes, l'effet placebo et les guérisons spontanées.