Kosmogonie
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D’où vient l’univers? d’où vient la vie? que sommes-nous? Chaque époque imagine ses réponses. La nôtre a les siennes élaborées par la science: l’univers, la vie, l’homme, ses pensées, sa conscience, tout émergerait des agitations aléatoires d’une matière inanimée. À y regarder de près, c’est moins plausible qu’il y paraît. Et si la conscience était première? Les fait
scientifiques se réorganisent alors en un récit de la création qui
s’accorde mieux avec nos intuitions et nos expériences: L’auteur appuie son propos sur de nombreux exemples d’expériences de physique, de biologie, d’éthologie, de neurosciences.
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La question de l’origine titille l’humanité
depuis … qui sait ? probablement depuis qu’elle se pense.
Comme la réponse ne se trouve pas directement sous ses yeux ni dans
son esprit agité, elle compense avec son imagination, s’inventant
plein d’histoires qui racontent la naissance de l’homme et du
cosmos. Histoires selon les cas dites révélées ou inspirées ou
raisonnées, ou... Bref, les mythes des origines abondent, tous
différents, quand ils ne se contredisent pas franchement.
La science n’a-t-elle pas mis fin à ces
fantaisies ? N’est-il pas désormais acquis que l’univers
est né d’une sorte d’explosion appelée Big-bang et que l’homme
est l’aboutissement d’un long processus évolutif appelé
néo-darwinisme qui a pour moteurs le hasard et la sélection
naturelle ? C’est vrai que, envoûtés par leurs succès, les
scientifiques n’ont pas hésité à étendre le champs
d’application de leurs théories pour remonter aux origines. D’où
ces histoires qui ont l’air beaucoup plus crédibles que celles
d’avant. D’ailleurs, pour bien marquer la différence, personne
n’appelle plus ça des histoires, des contes ou des mythes, mais
des théories.
A-t-on raison de leur accorder tant de crédit au
point que tous les vulgarisateurs les présentent comme des vérités
établies ? Pour ma part je ne puis m’empêcher d’y voir
autre chose que de nouvelles fantaisies, certes plus complexes que
les précédentes, certes étayées par diverses observations, mais
finalement guère plus sensées que les autres. Les raisons qui les
décrédibilisent ne manquent pas. Nous en verrons quelques unes au
fil des pages. Mais dès maintenant je voudrais en présenter deux de
portée générale.
Il s’agit tout d’abord du simple constat
qu’aucune de ces théories ne prend en compte la conscience,
pourtant la seule chose dont chacun de nous puisse être certain.
Et puis il y a le fait que, en science comme
ailleurs, succès est trop vite confondu avec vérité. Un exemple
avec une théorie mise au rencart depuis des siècles, celle du
système de Ptolémée modélisant le mouvement des planètes. À
l’apogée de son développement au xvie siècle, en combinant les
mouvements sur 55 cercles, elle produisait des prédictions sur la
position des planètes à la limite de la précision accessible aux
instruments de l’époque. Donc ça marchait, au point que pas grand
monde ne voyait la nécessité de changer de modèle. Les raisons de
son renversement ont été d’abord d’ordre philosophique, avant
que la théorie de Newton n’entre en scène pour apporter un
surcroît de précision. Aujourd’hui, plus personne ne croit que
les mouvements dans le système solaire résultent d’une
combinaison de cercles. Nul ne s’y fierait pour voyager dans
l’espace. Pourtant une précision de un pour mille, ce n’est déjà
pas si mal, beaucoup de théories modernes ne font pas mieux. Donc on
ne saurait déduire de la qualité des prédictions d’une théorie
qu’elle a quelque chose de sensé à dire à propos de la réalité.
Et ne nous illusionnons pas, les théories modernes ne sont pas
différentes. On voudrait bien qu’elles décrivent fidèlement la
réalité quand elles ne sont aptes qu’à répondre à des
questions du genre : « Si je fais ceci, j’observe
cela. »
Ceci dit je me garderai de jeter le bébé avec
l’eau du bain. La science reste un outil irremplaçable pour
réfléchir sérieusement sur le monde et sur nous-mêmes. Il faut
juste savoir la prendre avec doigté pour ne pas la forcer à dire ce
qu’elle est inapte à concevoir. Bref, gardons de la science
essentiellement cette méthode de confrontation entre idées et
observations, et considérons le reste avec circonspection.
Par conséquent, qu’on ne s’attende pas à ce
que mes critiques du darwinisme ou du Big-bang débouchent sur une
remise au goût du jour de quelques vieilles absurdités :
– non, l’univers, la Terre, et toutes les
espèces vivantes n’ont pas jailli achevés il y a 5947 ans et 186
jours d’un éclair de génie divin ;
– non, le monde n’est pas porté par
quatre éléphants, eux-mêmes portés par une tortue géante, où
tout se rejoue un nombre indéfini de fois en cycles temporels
démesurés ;
– non, tout ne s’explique pas par la
combinaison de quatre ou cinq éléments ;
– non, l’univers n’est pas conçu
spécialement pour notre espèce, ni pour tel ou tel sous-groupe
privilégié.
Qu’on ne se méprenne pas, le but de ce livre n’est pas de critiquer systématiquement mais de réorganiser les faits connus en une histoire sensée. Si j’évoque les grandes théories du moment, c’est qu’elles constituent un excellent point de départ. Je reste partisan de l’idée que la science est un outil d’acquisition de connaissances supérieur à beaucoup, quoique pas le seul. Son grand avantage sur d’autres méthodes tout aussi valables mais plus subjectives est de fournir des arguments facilement commu-nicables et consensuels. C’est pourquoi je compte m’appuyer sur de nombreuses observations scientifiques incontestables pour étayer rationnellement et communiquer verbalement mes intuitions quant à la nature de la vie et de son origine, du cosmos et de son origine. On verra ces idées émerger au fil des pages. On verra que cela raconte une histoire cohérente et plausible, plus que les histoires habituelles, allant des particules élémentaires aux galaxies en passant par les êtres vivants sur Terre et la biosphère, jusqu’à nous-mêmes capables de penser tout ça.
La première partie va traiter du monde vivant. L’on verra émerger l’importance et la nécessité de l’intention créatrice, ainsi qu’une nouvelle définition de la vie : l’intention informe la matière pour lui donner formes et mouvements.
La deuxième partie va nous faire voyager des particules élémentaires au cosmos tout entier. Nous verrons les idées de la première partie s’étendre à la matière, qui devient vivante à sa façon.
Dans la troisième partie, je proposerai une nouvelle cosmogonie. Nous verrons l’invention de cette apparence de réalité physique et l’invention du corps pour que se déploie le jeu de la vie.
Enfin, dans la quatrième partie, j’examinerai
dans quelle mesure ces idées s’accordent avec les découvertes des
neurosciences, c’est-à-dire comment notre cerveau fabrique nos
expériences du monde et du corps.
Dans l’écriture, je suis en général plus adepte de l’ellipse que des longues digressions. Dans cet ouvrage plus encore que dans mes précédents j’ai voulu que les idées défilent à un rythme soutenu pour bien faire ressortir l’histoire que je veux raconter. La pédagogie perd ce qui est gagné en vision d’ensemble. Quelques uns pourraient avoir l’impression que cela va parfois trop vite. Surtout qu’ils ne s’inquiètent pas et n’interrompent pas leur lecture si des passages leur échappent. Qu’ils aillent au bout du livre d’une traite pour justement s’imprégner de cette vision d’ensemble, et qu’ils reprennent ensuite la lecture à leur rythme en s’attardant sur telle ou telle idée. Et puis qu’ils dorment dessus, et … pouf ! un matin, au réveil, ces idées seront là comme des évidences. C’est ainsi qu’est né ce livre, en dormant pour trouver les idées, en lisant pour trouver les exemples.
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