le saxophone soprano facile
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Depuis tout jeune fan de Stan Getz, Paul Desmond et John Coltrane, j’ai toujours eu envie de jouer du saxophone. Le rêve s’est concrétisé au printemps 1978 lorsque s’est présentée l’opportunité d’acquérir un ténor Buffet-Crampon. Je venais d’avoir 21 ans, j’étais depuis quelques mois à l’école polytechnique, une sorte de récompense. Et puis, subjugué par les grandes improvisations modales de Coltrane, je me suis mis au soprano en 1982, un Selmer Mark VI, abandonnant du coup le ténor, difficile de tout concilier. Plus de trente ans de vie commune avec cet instrument me donnent un certain recul. Mon expérience confirme l’opinion selon laquelle le soprano en général et ce soprano en particulier est un instrument difficile. Certes, les facteurs d’instruments et de becs ont fait d’indéniables progrès ces dernières décennies. La tentation est donc grande de croire qu’un miracle va rendre la vie du sopraniste enfin facile. D’où chez tant de musiciens ces tiroirs remplis de becs et toutes ces occasions proposées sur des sites de vente en ligne (dont j’avoue avoir profité). Mais soyons francs, de miracle il n’y a guère à attendre: les principes acoustiques sont connus depuis longtemps et il ne saurait y avoir de nouvel instrument super-révolutionnaire ni de bec archi-nouveau ni de ligature hyper-innovante qui subitement changerait tout. Est-ce à dire que la quête d’un jeu facile au soprano est vaine? Peut-être pas si l’on ne cherche pas une solution improbable du côté de l’équipement, mais si, partant de ce qui existe, l’on s’efforce de comprendre comment ça marche pour trouver comment perfectionner son contrôle de son, et ainsi parvenir à rendre plus facile ce qui de prime abord est difficile.
Estampillé
325101, mon soprano Selmer Mark VI est
sans doute l’un des derniers produits.
Tout de suite mes doigts se sont sentis à l’aise.
Quant au reste, le début d’une longue aventure...
J’ai immédiatement détesté le bec Selmer S80
C** livré avec. Hélas, Selmer ne fabriquait plus depuis longtemps
le fameux Soloist livré à l’origine avec les Mark VI. Je l’ai
vite remplacé par un Vandoren S27 après quelques essais dans un
magasin (je ne me souviens à quels autres becs je l’ai comparé).
À
cette époque où le soprano n’était pas encore
très répandu, les
spécialistes peu nombreux et peu accessibles pour moi, les
possibilités matérielles limitées (par exemple les anches
Vandoren Java ne sont apparues qu’en 1983), force
m’était de reconnaître
que cet instrument
est une bête sauvage à dompter.
Côté matériel:
Soit l’on opte
pour un bec classique plutôt fermé avec des anches dures. Résultat:
un son correct à condition de fournir une bonne pression d’air, ce
qui peut mettre les lèvres à rude épreuve; mais guère de
flexibilité, que ce soit en termes de dynamique, de couleur ou de
hauteur (celle-ci est stabilisée par la résistance de l’anche ce
qui rend les corrections plus difficiles).
Soit l’on opte
pour un bec plus ouvert, disons
plus ‘jazz’ pour
faire court, associé en
général à des anches plus faibles. Le jeu en est facilité, la
flexibilité accrue, mais le contrôle peut devenir difficile (avec
cette fois à l’inverse des hauteurs qui oscillent au
point de devenir parfois
difficiles à stabiliser).
Tout en
reconnaissant sa maîtrise, je n’ai jamais aimé le son de Steve
Lacy, qui jouait un bec Otto Link très ouvert avec des anches très
faibles. Le son de soprano de mon idole d’alors, Coltrane, qui
sortait d’un bec Selmer métal ouverture E ne m’emballait pas
toujours avec un côté nasillard virant parfois à l’aigre (à mes
oreilles du moins, tout ça étant éminemment subjectif). Le choix
s’est donc imposé pour moi d’un bec classique fermé avec des
anches dures. Bref, compte tenu de mes goûts et de mes possibilités
techniques d’alors, j’ai fait le choix de privilégier la qualité
du son au détriment de la facilité d’émission et de la
flexibilité.
Une
trentaine
d’années passent et voici qu’un jour de février 2011, mon bec
m’échappe des mains et tombe sur le carrelage. Résultat: pointe
cassée. Et ce qui se présente de prime abord comme une catastrophe
va se transformer en une formidable opportunité.
Il me faut vite
lui trouver un remplaçant. Ayant quitté Paris depuis une dizaine
d’année pour habiter au cœur des Alpes de Haute Provence, la
seule solution est de passer par le web. C’est ainsi que je
découvre avec stupéfaction que le monde du saxophone a beaucoup
changé depuis mes débuts: les fabricants d’instruments se sont
multipliés, tout comme les fabricants de becs, les modèles d’anches
sont innombrables et il est même possible de les acheter à l’unité.
D’où l’envie de faire quelques expériences: mon vieux S80
ressort de sa boîte pour y retourner aussitôt (j’ai fini par le
donner), j’acquiers un Vandoren S27 tout neuf, puis un V5-S15
(donné lui aussi), puis le nouvel Optimum SL3, et enfin, pour sortir
des modèles classiques, un Meyer 8M et un Vandoren V16-S6. Tout ça
joué avec des anches de coupes et de forces variées, toutes des
Vandoren, que j’apprécie pour leur qualité et leur constance:
Traditionnelle, Java Verte, Java Rouge, V16, de forces s’étageant
de 2 à 4 (en annexe les caractéristiques des différents
modèles de anches pour saxophone de Vandoren). Mais je ne suis pas
fan de Vandoren en tout, en matière de ligatures mes préférences
vont à BG: modèles Standard et Super Révélation pour becs soprano
ébonite.
Chemin
faisant,
l’envie m’a pris de me remettre au ténor après presque 30 ans
d’abstinence. Mon Buffet-Crampon ayant été vendu depuis longtemps
avec l’Otto Link que je jouais alors, il m’a fallu tout racheter.
Mon choix s’est porté sur un très beau ténor Aizen (inspiré du
Conn pour le son et du Mark VI pour l’ergonomie, dixit le site
d’Aizen), accompagné d’un
excellent bec Aizen LS7 (copie améliorée du célèbre Link Slant).
Une révélation!
Je me souviens de la jubilation que j’ai éprouvée à souffler
dedans pour la première fois: une facilité d’émission
déconcertante, sans que cela nuise au son, magnifique, ni à la
justesse. Rien de commun avec mes souvenirs du Buffet-Crampon avec
l’Otto Link métal 8, ni avec mon expérience du soprano.
Du coup j’ai
voulu savoir s’il était possible d’aller encore plus loin, avec
en ligne de mire la facilité d’émission d’une flûte à bec,
tout en trouvant mon son idéal. Ayant eu l’occasion de jouer en
plus de cet Aizen LS7 différents Link métal (8 et 11) et un
Brancher (dont je ne me souviens plus ni du modèle ni de
l’ouverture), je savais qu’il me fallait autre chose. J’ai
trouvé mon bonheur avec les becs Lebayle, successivement un modèle
Jazz (un progrès déjà par rapport au LS mais pas encore tout à
fait ça), un LR (très très facile mais trop brillant pour moi) et
finalement un LRII (extraordinaire!). Tout ça avec des Vandoren Java
Verte 2,5. Puis je suis passé à des Java Rouge 2 avec ce LRII
estampillé 7* mais d’une ouverture réelle mesurée de 2,57mm soit
proche d’un 7. C’est ma combinaison actuelle idéale pour
produire un son qui me plaît, avec une grande facilité d’émission,
une grande flexibilité, une grande dynamique, un suraigu un peu
moins facile qu’avec des anches plus dures mais qui reste jouable.
En fait, même si je m’entraîne à le jouer lors d’exercices, je
m’en sers assez peu dans mes improvisations (je dépasse rarement
le La suraigu). Tant qu’à aller dans la stratosphère, autant y
aller carrément et monter d’une octave supplémentaire en passant
au soprano.
À
propos du soprano justement, fort de cette expérience, l’idée
m’est venue de chercher une combinaison qui serait là aussi facile
à jouer mais:
a. tout en
gardant un son bien rond comme j’aime sur cet instrument,
b. en résolvant
les problème congénitaux de justesse du Mark VI,
c. en préservant
un bon rendu de l’extrême grave à l’extrême aigu.
Précisons.
a. du son du saxophone soprano
Je
n’aime pas
que le soprano sonne nasal comme le hautbois, ou boisé comme la
clarinette. Par exemple le son de Sidney Bechet m’insupporte. Exit
donc les becs à grande chambre qui ont cette propension.
Je n’aime pas
non plus les sonorités agressives. Peut-être mon expérience de la
flûte a-t-elle contribué à façonner mon idéal de sonorités
aiguës pures qui n’écorchent pas les oreilles. Et il est facile
de rendre l’aigu du saxophone soprano agressif. D’autant plus
avec cette tendance actuelle à la ‘projection’ à tout prix.
Exit donc les becs à plafond bas. Je trouve même que des becs moins
excessifs peuvent aussi tourner à l’aigre, par exemple les Selmer
Super Session.
Quant à un bec
moyen comme le Meyer 8M (ou un cousin proche, l’Otto Link Tone
Edge), sans être dénué d’intérêt, je préfère à choisir la
rondeur et la chaleur d’un bec classique.
L’avantage
aussi d’un bec plus fermé est qu’il consomme moins d’air,
permettant des phrases très longues sur un seul souffle, presque
comme sur un hautbois. C’est une autre différence importante avec
les autres saxophones. Au baryton, au ténor et à l’alto, la
longueur de la phrase est limitée par la quantité d’air: souvent
il faut reprendre son souffle avant de l’avoir terminée. Au
soprano, il arrive que ce soit l’inverse, et plus encore avec un
bec fermé: une longue phrase peut se terminer avant qu’on soit à
court d’air. Pour conserver une bonne respiration, l’on se
retrouve à devoir expulser l’air restant avant de reprendre une
inspiration!
Pour en revenir à
la question de la ‘projection’, c’est indéniablement une
caractéristique qui est aujourd’hui beaucoup recherchée par les
saxophonistes. Si c’est acceptable voire recommandable au ténor ou
à l’alto, ça l’est moins au soprano où, étant donnée sa
tessiture, il est difficile d’éviter que ça tourne à l’aigre.
Mais est-ce si gênant de ne pas projeter comme une guitare
électrique outrageusement amplifiée? Il me semble que dans la
mesure où la plupart des scènes actuelles sont sonorisées, mieux
vaut ne pas trop pousser l’instrument pour garder un son correct et
pousser plutôt le volume du système de diffusion (ce que faisait
Joe Henderson qui avait un son de ténor magnifique: il ne jouait
jamais très fort et comptait sur le micro pour se faire entendre).
Et s’il n’y a pas de sono, c’est qu’il n’y a probablement
pas besoin de produire une surabondance de décibels.
b. à propos du MarkVI
Quoique
mythique
(n’était-ce pas l’instrument de Coltrane?), le soprano Mark VI
est affublé de quelques tares, dont une justesse approximative et
une qualité de fabrication inégale.
L’instrument
que je possède a été choisi par un musicien professionnel de mes
amis chez Selmer à Paris, parmi un ensemble de 3 ou 4 qui lui ont
été donnés à essayer. Violoniste, saxophoniste, réparateur
d’instruments à vent, je lui fais confiance pour avoir fait le
meilleur choix. Je peux donc présumer que cet instrument ne présente
pas de défauts de fabrication notables. Ce qui ne veut pas dire
qu’il soit exempt de défauts.
En fait aucun
saxophone n’est juste de par sa conception même. En jouant sur la
conicité du tube, sur la position, la dimension et l’ouverture des
tampons, les facteurs peuvent atténuer ces défauts intrinsèques
sans pouvoir jamais les éliminer totalement. C’est le cas de la
plupart des instruments modernes. Tandis que le Mark VI est sur ce
point un peu moins précis que les modèles actuels (avec peut-être
en contrepartie une plus grande palette tonale tant appréciée des
jazzmans des années 50 et 60 et des fans actuels de ‘vintage’).
Et sur un soprano, comme tenu de sa taille réduite, ces défauts
sont vite amplifiés par d’infimes imprécisions de construction ou
de réglages.
Sur mon
instrument par exemple, les notes Mib Sol# Do et Do# tant sur la
première que la deuxième octave présentent des défauts notables.
Ces défauts vont parfois en sens contraire: Do1 trop bas de 15 cents
et Do2 trop haut de 15 cents. Parfois ils vont dans le même sens:
Sol#1 et Sol#2 tous les deux trop bas de près d’1/8 de ton (25
cents). Dans ce dernier cas, la cause en est clairement un tampon
sous-dimensionné. Impossible de compenser en augmentant l’ouverture
car la clé est bizarrement fichue. Alors selon les tonalités et les
intervalles partant ou aboutissant à Sol#, cela sonne très
expressif ou franchement faux.
Donc il faut
apprendre à faire avec ces défauts de justesse:
- en réglant
plus ou moins la hauteur d’ouverture de certaines clés,
- en choisissant
une combinaison saxophone+bec qui n’accentue pas ces défauts,
- en choisissant
une combinaison bec+anche qui donne assez de flexibilité pour
corriger la hauteur des notes par l’embouchure sans avoir à trop
forcer (plus l’anche est faible plus la flexibilité est grande, et
inversement).
Remarquons en passant que le musicien qui a grandement contribué à la mise au point de la série des Mark VI est un musicien classique par excellence, Marcel Mule, fondateur de l’école dite française de saxophone. À l’époque de cette élaboration, il jouait sur bec Selmer métal à petite chambre ronde et gorge étroite. Pas encore le Soloist qui est sorti un peu plus tard, avec une petite chambre ovale qui a rapidement évolué vers une forme en fer à cheval.
c. de l’aigu du soprano Mark VI
Sur ce soprano, l’alignement parfait de presque tous les trous (à l’exception du Do grave et du Mib manipulés avec le petit doigt main droite) participe autant de l’esthétique visuelle que de l’esthétique sonore: tous les tampons s’ouvrant dessus, le rayonnement du son est plus homogène qu’avec des tampons sur le côté.
Cette
disposition qui se prolonge
jusque dans l’aigu est
propre à ce soprano, les autres saxophones de la famille Mark VI et
les autres modèles de sopranos ayant des clés d’aigu réparties
de la manière habituelle. Le
hic est que la position et la dimension de
ces clés, les plus
sensibles, est totalement contrainte, sans possibilité d’ajustement
pour parfaire l’acoustique (sauf
en jouant un peu avec la
hauteur d’ouverture). De
là probablement la
difficulté de le faire sonner correctement.
C’est au point que
des musiciens jugent
cet instrument carrément injouable dans l’aigu. Cela
explique le succès des
sopranos Yamaha et Yanasigawa lorsqu’ils
sont apparus sur le marché.
Bref, pour en revenir au
Mark VI, les problèmes d’aigu
commencent souvent
dès
Do2
(le
Do
de la deuxième octave): aucun son ne sort, ou bien la note est émise
une octave
plus bas,
ou bien elle est instable.
Selon mon
expérience, pour bien faire sonner l’aigu sur ce soprano si
particulier, il faut de préférence un bec qui présente une
certaine résistance. C’est le cas des becs classiques typiques:
plafond haut voire concave, petite chambre, gorge étroite. Les
caractéristiques même du bec joué par Marcel Mule lors de la mise
au point de l’instrument.
Si
les autres membres de la famille Mark VI peuvent s’accommoder de
becs très différents, ce qui a fait leurs succès dans le jazz, la
conformation particulière du
soprano fait qu’il n’a
pas cette adaptabilité. C’est
pourquoi il semble mieux fonctionner avec des becs du même genre que
ceux qui ont présidé à sa conception. À prendre bien sûr comme
une simple propension et pas comme une vérité définitive:
cf. Steve Lacy qui jouait un
Otto Link 12 sur son soprano Mark VI, au prix d’un énorme
travail...
c bis. de l’extrême grave du soprano
Le
problème de
l’extrême grave est très différent de celui de l’aigu et
concerne cette fois tous les modèles de soprano et pas seulement le
Mark VI. C’est un registre souvent négligé, la mode étant plutôt
de travailler l’altissimo pour se faire entendre par-dessus
d’autres musiciens qui veulent aussi se faire entendre... Peut-être
parce que la plupart des joueurs de soprano viennent du ténor, de
l’alto ou du baryton. Le soprano n’apparaît que comme une
doublure transposant à l’octave ou à la quinte supérieure le son
d’un saxophone plus grand. D’où la tendance à traiter l’extrême
grave comme sur ces autres instruments, sans percevoir pleinement la
spécificité de ce registre au soprano. Ayant pour ma part beaucoup
joué des flûtes (flûte à bec soprano, flûte à bec alto, flûte
traversière), ayant longtemps joué du soprano sans doubler au ténor
(du coup c’est le ténor qui m’apparaît comme une extension vers
le grave du soprano), ayant en outre abordé des répertoires non
conventionnels (notamment beaucoup de musique baroque pour flûte,
hautbois, viole de gambe, violon, violoncelle...), mon approche est
différente. Il m’apparaît évident que l’extrême grave du
soprano est différent de celui des autres saxophones. La raison en
est simplement qu’il se situe à la hauteur où se déploient les
mélodies, tandis que celui des autres saxophones se situe à la
hauteur des basses. C’est pourquoi l’extrême grave du soprano
doit être davantage intégré aux registres supérieurs et s’y
lier de façon fluide. Il ne doit pas être réduit à marquer des
basses par des notes de passage qui ‘klaxonnent’!
En contrepartie
il m’apparaît beaucoup moins grave de négliger le suraigu au
soprano (disons au-delà de Sol aigu, ce Sol étant facile à
produire et à lier aux Mi, Fa et Fa# aigu). Je n’y trouve pas
aujourd’hui d’intérêt musical, même si à une époque j’ai
exploré la technique et les doigtés pour sortir ce registre.
Tous
les
enseignants recommandent de débuter le saxophone avec un bec fermé
et des anches faibles. Ça permet au moins de sortir quelques notes
tant que l’embouchure n’est pas formée. Cette configuration de
jeu n’a pas d’autres avantages: la sonorité n’est pas
terrible, les notes ne sortent pas toujours à la bonne octave ou
sont instables, les couacs nombreux, et l’aigu quasi impossible à
cause de la difficulté de contrôler une anche qui offre aussi peu
de résistance.
Donc dès que les
bases sont acquises, il faut pour progresser passer à des anches
plus dures. La résistance accrue qu’elles opposent donne plus de
contrôle, un accès à l’aigu, la possibilité de travailler le
son.
D’habitude on
en reste là. L’on est d’autant moins tenté de revenir à des
anches faibles que l’on commence à jouer avec l’altissimo, pour
lequel, il est vrai, des anches dures procurent des facilités. Alors
on se fixe définitivement là. Parce qu’il y a aussi dans
l’imaginaire du saxophoniste un côté super-pro à jouer des
anches très dures. On ne pense même pas qu’il y ait un intérêt
à revenir à des anches faibles, sans retrouver évidemment les
défauts sonores des débutants grâce à une maîtrise technique
accrue. On oublie ou on ne sait pas que quelques très grands
saxophonistes jouent des anches très faibles. Steve Lacy par exemple
jouait des Marca force 1 qu’il affaiblissait encore davantage
(d’après un témoignage d’Evan Parker). Mais il est vrai que
c’était avec un bec ouvert à 12. Plus intéressant pour mon
propos est le cas de Gato Barbieri. Certes il jouait du ténor (un
Mark VI évidemment) avec un bec d’ouverture moyenne, mais rien
n’interdit de s’en inspirer. Voici à son propos quelques info
glanées sur la toile.
Son
bec était un
Berg-Larsen 105/0, le premier nombre désignant l’ouverture,
environ 2,66mm soit une ouverture moyenne équivalant à un 7*, le
second caractérisant la chambre, 0 pour la plus brillante. Pour ce
genre de configuration, des anches comme des Java 2,5-3,5 seraient
recommandées. Sauf que lui jouait des Rico 1,5 que les tables
d’équivalence de anches donnent comme de force semblable à des
Java 1,5! Non seulement il arrivait à sortir quelque chose de cette
configuration ‘impossible’ mais en plus il était réputé pour
sa projection et sa maîtrise incroyable du suraigu. Son secret?
Sûrement un grand contrôle de la pression d’air et de la cavité
buccale lui permettant de produire un flux d’air rapide et focalisé
de sorte qu’il parvenait à faire vibrer l’anche sans qu’elle
se plaque au bec ni qu’elle batte follement.
« If I blow
with everything soft, I press my diaphragm and my throat, never press
the mouthpiece. Not everyone can play my saxophone, it’s too
soft. » (extrait d’une
interview de Gato Barbieri donnée à la revue Jazztime )
Une
autre
particularité du jeu de Gato Barbieri est qu’il employait une
embouchure peu usitée de nos jours dite double-lip soit
double-lèvre. Cela consiste à replier un peu la lèvre supérieure
sous les dents de dessus de sorte que le contact avec le bec ne
s’établit que par le biais des lèvres. Les lèvres entourent
ainsi tout le bec de la même manière que celles d’un hautboisiste
entourent l’anche double. Stan Getz jouait ainsi, de même que
Coltrane.
Moi aussi je
pratique cette embouchure depuis le début, au soprano comme au
ténor. Ce n’est pas par désir d’imitation, je n’avais pas ces
informations à l’époque. C’est juste pour moi la prise de bec
la plus naturelle qui soit. Cela vient peut-être de la forme de ma
bouche, de mes lèvres, de mes dents. C’est une « no
embouchure embouchure » au sens de Jerry Bergonzi. Elle n’est
donc ni critiquable ni recommandable. À chacun de trouver ce qui lui
convient en fonction de son anatomie. Et j’ajouterai de son désir
ou non de faire de son instrument un prolongement naturel de son
corps ou de préférer se battre contre.
Jouer des anches
dures est toujours difficile, mais jouer des anches dures avec une
telle embouchure l’est encore davantage. J’en sais quelque chose
pour être allé jusqu’à la force 4. Je ne suis pas d’ordinaire
accro à la souffrance mais il faut croire que j’y trouvais mon
compte! Bref, pour parvenir à faire vibrer une anche dure, il faut
une forte pression d’air (d’où ces joues qui se gonflent chez de
nombreux saxophonistes). Donc il faut bien enserrer le bec avec les
lèvres, sinon des fuites se produisent aux coins de la bouche, ce
qui fait retomber la pression et contrarie la vibration de l’anche.
Du coup les lèvres fatiguent vite. L’on commence à compenser en
serrant les dents. Jusqu’au moment où ça fait vraiment mal et
qu’il devient difficile de jouer.
J’ai bien
essayé un temps de changer d’embouchure en me mettant à poser les
dents sur le bec, comme presque tout le monde fait, mais c’est pour
moi si peu naturel que ça apporte de nouvelles complications sans
vraiment résoudre les problèmes précédents.
C’est
probablement de ces expériences que vient ma quête d’une plus
grande facilité d’émission. Si elle a abouti assez rapidement au
ténor, cela a été plus long au soprano. C’est que l’aigu sort
mal voire pas du tout sans un parfait contrôle, du moins pour le
seul soprano qui me soit familier, le Mark VI. Avec une anche dure,
la résistance qu’elle oppose suffit à assurer ce contrôle. Avec
une anche plus faible que ce que requiert normalement le bec (compte
tenu de son ouverture bien sûr mais aussi de la longueur de la
table, de sa courbure, et de la hauteur du plafond), c’est une
autre affaire. D’abord il faut relâcher l’embouchure sinon
l’anche est facilement plaquée contre la table et n’en bouge
plus. Mais à trop relâcher elle risque de battre n’importe
comment. Il faut donc que le contrôle s’exerce d’une autre
manière:
- maîtrise de la
forme de la cavité buccale, y compris la langue et jusqu’au
larynx;
- contrôle de la
pression et de la vitesse de l’air par les muscles de la ceinture
abdominale (contrairement à une croyance répandue chez les
musiciens, le diaphragme n’a rien à faire ici: il n’intervient
que pour l’inspiration et c’est du contrôle de l’expiration
qu’il est question).
Précision: ce
contrôle est important quel que soit le saxophone joué et quelle
que soit l’embouchure employée.
Parce que le soprano Selmer Mark VI semble fonctionner mieux avec des becs présentant une certaine résistance, parce que j’aime que le son d’un soprano soit rond, chaud, sans agressivité, mon choix de bec est classique. Après quelques essais des becs de ma collection, j’en reviens au Vandoren S27.
Un
bec soit dit
en passant par trop ignoré des musiciens. Peut-être à cause de sa
très faible ouverture qui ne fait pas assez pro, 1,11mm seulement?
Beaucoup semblent préférer a priori les Vandoren S15 et S25 ou
Selmer S80 C** plus ouverts. Étant données cette ouverture et sa
table moyenne-longue, Vandoren recommande des anches Traditionnelles
de force 3 à 4, voire des Java 3,5-4 bien que cette forme d’anche
soit rarement utilisée sur ce genre de bec dédié au classique.
Dans la période
récente, j’ai surtout joué des Traditionnelles 3,5 et 3 (plus
loin dans le passé je suis allé jusqu’à 4). J’en étais là
lorsque, inspiré par mon expérience au ténor, j’ai entrepris
cette quête d’une plus grande facilité de jeu au soprano. Ayant
sous la main un stock d’anches de formes et de forces variées,
j’ai commencé quelques essais. Pour faire court:
Les Vandoren
Traditionnelles 2,5 fonctionnent très bien, de l’extrême grave au
Sol aigu (et peut-être au-delà mais je n’ai même pas essayé car
comme je l’ai expliqué je ne vois pas aujourd’hui l’intérêt
de monter plus haut). Les 2 en revanche sont beaucoup trop faibles,
l’anche collant immédiatement à la table dans l’aigu.
La Java Verte 3
fonctionne elle aussi parfaitement. Ce n’est guère surprenant vu
qu’elle équivaut en force à une traditionnelle 2,5. Sans surprise
non plus la Java Verte 2,5 ne fonctionne pas (équivalente à une
traditionnelle 2).
La
vraie surprise
est venue de la Java Rouge 2,5: résultat impeccable! D’après le
tableau ci-dessus, elle serait équivalente à une Traditionnelle 2,2
mais avec une pointe plus épaisse qui explique peut-être ce
résultat. Par rapport à la traditionnelle 2,5 qui marquait déjà
un progrès, elle apporte: encore plus de facilité dans l’extrême
grave; les notes Do1 et Ré2 que je trouvais un peu étouffées
respirent davantage; le son reste rond et homogène, quoique un
soupçon moins chaud et avec un peu de grain sans que ce soit
désagréable; l’aigu est un petit peu plus difficile mais reste
parfaitement jouable.
Notons en passant
l’importance de trouver la ‘bonne’ anche, pas seulement en
force mais aussi dans sa forme.
Le
premier
avantage d’utiliser des anches plus faibles que ce que requiert
normalement le bec est bien sûr une plus grande facilité de jeu, à
condition de maîtriser les aspects techniques de l’affaire sur
lesquels je reviendrai. C’était bien le but recherché.
Corollaire: moins de tension et de fatigue, donc plus d’attention à
la musique.
Un
autre avantage
important d’une anche faible est qu’elle donne plus de
flexibilité. Cela permet en particulier de corriger plus facilement
les défauts de justesse de certaines notes, que ce soit vers l’aigu
ou vers le grave. Critère encore plus important avec un Mark VI pour
des raisons expliquées plus haut.
Cette flexibilité
accrue facilite également divers effets tels que vibrato et note
bending.
Elle autorise en
outre une plus grande dynamique de jeu. Sur quasiment toute l’étendue
de l’instrument, les notes peuvent être réduites à un murmure
pour finir sur un souffle à peine audible, tout en conservant une
bonne capacité de projection si l’on veut développer cet aspect
(se souvenir de Gato Barbieri).
Enfin, un dernier avantage important est de rendre l’extrême grave parfaitement jouable. Il s’intègre de manière fluide et harmonieuse aux autres registres et n’est plus réduit à des coups portés pour marquer des basses.
Un
premier
inconvénient mineur mais qu’il faut connaître est que des anches
faibles durent moins longtemps. Cela prend deux aspects.
L’humidité et
la chaleur de la bouche finissant par la ramollir complètement, une
anche faible n’est pas opérationnelle très longtemps. Il suffit
de la laisser sécher pour qu’elle retrouve ses caractéristiques.
Donc pour une longue session de jeu, toujours avoir plusieurs anches
disponibles et les faire tourner.
Et puis ces
anches ont une durée de vie plus courte et doivent être remplacées
plus rapidement que des anches dures.
Le
plus gros
inconvénient de jouer des anches faibles sur un bec fermé est de
rendre l’aigu plus difficile. Je ne sais pas pour d’autres
modèles de saxophone soprano mais pour un Mark VI, les difficultés
commencent au Do2 et s’étendent à toutes les notes aiguës
obtenues avec les clés de côté.
Avant d’en
venir au développement des capacités techniques requises pour
maîtriser ce registre, il est bon de savoir qu’il y a des doigtés
de substitution pour plusieurs de ces notes aiguës, aussi justes et
plus faciles même à articuler que les doigtés normaux. Je me sers
de deux séries. En précisant au préalable:
1. les sopranos
Mark VI n’ont pas de clé de Fa aigu frontale, et seuls certains
disposent d’une clé de Fa# aigu, ce qui est le cas du mien;
2. ces
doigtés sont à prendre comme des points de départ; des correctifs
de justesse peuvent être nécessaires en fonction de l’instrument,
du bec, de sa position plus ou moins enfoncée sur
le liège, et de l’embouchure
de chacun; c’est l’usage qui est fait dans
la deuxième série de la clé
de sol# pour remonter des
notes un peu basses;
3.
conventions: 0 pour la
clé d’octave au pouce main
gauche; 1 pour l’index
main gauche; 2 pour le majeur
main gauche; 3 pour l’annulaire
main gauche; 4 pour la clé
de Sol#
petit doigt main gauche.
note |
main gauche |
main droite |
Mi aigu |
0 123 |
clé de côté Mi aigu |
Fa aigu |
0 12- |
clé de côté Mi aigu |
Fa# aigu |
0 12- |
clé de côté Mi aigu |
note |
main gauche |
main droite |
Fa aigu |
0 123 4 |
clé de côté Fa# aigu |
Fa# aigu |
0 12- 4 |
clé de côté Fa# aigu |
Sol aigu |
0 1-- |
clé de côté Fa# aigu |
Complément: cela peut aider de varier l’inclinaison du saxophone pour trouver l’angle qui focalise le mieux le flux d’air sur l’anche.
Faute
de
contrôle, jouer des anches faibles est impossible ou bien produit de
grandes instabilités, même pour des joueurs aguerris. Il est facile
de s’en rendre compte avec un accordeur en jouant une seule note
tenue: si l’on n’a pas l’habitude, l’aiguille s’affole. Le
contrôle n’étant plus assuré par la dureté de l’anche, il
faut l’assurer soi-même. Bref, il s’agit de contrôler
véritablement la fabrique du son et ne pas le laisser être contrôlé
hors de soi par des paramètres matériels inflexibles.
Comme je l’ai
dit, il faut acquérir un contrôle parfait et simultané de
l’embouchure, de la cavité buccale + langue + larynx, et du flux
d’air. Deux séries d’exercices peuvent y aider: les sons filés
(long tones en anglais pour ceux qui voudraient faire des
recherches dans cette langue, les ressources étant plus abondantes
qu’en français) et les harmoniques (overtones en
anglais).
Une
remarque préalable. Je ne compte pas me substituer aux grands
ouvrages d’éminents saxophonistes pédagogues. On trouvera
également chez eux toutes les définitions utiles ainsi que les
exercices de base sur lesquels je ferai l’impasse. J’irai donc à
l’essentiel, donner quelques pistes pour aider à développer les
capacités requises pour jouer des anches faibles. En
guise de référence et s’il n’y avait qu’un ouvrage à lire,
je recommanderai celui de
David Liebman developping a personal saxophone sound.
sons filés
Plusieurs
choses sont importantes dans la pratique des sons filés. En premier
lieu l’attention. Il ne sert à rien de souffler pendant de longues
minutes si l’on en fait un simple exercice dont on croit qu’il va
donner des résultats du simple fait d’être allé au bout. Des
résultats sont obtenus grâce à une attention parfaitement
focalisée sur, simultanément: le son, l’embouchure, la forme de
la cavité buccale, la position de la langue et du larynx, le flux
d’air propulsé par la ceinture musculaire abdominale. D’où
l’importance d’un travail très lent pour intérioriser les
relations entre une production sonore, les actions corporelles mises
en œuvre, et les sensations proprioceptives.
Pour
bien sentir tout ça, il est important d’introduire des variations:
-
jouer différentes notes sur toute l’étendue de l’instrument;
-
jouer chaque note à diverses nuances dynamiques: p, mf,
f;
-
varier aussi
la dynamique sur un même souffle de p
à f et de f
à p;
(dans
ce cas il peut être utile de travailler avec un accordeur
pour bien garder la
hauteur stable malgré le changement d’intensité)
-
varier les couleurs du son.
La
pleine attention n’étant pas possible sur une longue durée,
répartir ce travail sur plusieurs séances.
harmoniques
La
première chose est de maîtriser
l’émission des harmoniques successives
des
notes
graves. Pour les définitions
et les exercices à pratiquer, je
renvoie aux bons auteurs.
L’on
peut en rester là mais l’on peut aussi aller plus loin pour
développer encore
davantage le contrôle
recherché ici.
L’exercice suivant
est à pratiquer sur les quatre notes de l’extrême grave: Sib Si Do Do#.
Prenons Sib comme exemple. Ses harmoniques produisent les
notes: Sib1 Fa2 Sib2 Ré aigu Fa aigu etc. L’exercice consiste
à prendre appui successivement
sur chacune de ces notes
produites comme harmoniques
de la note de base et
à
‘laisser tomber’ la hauteur sur une note inférieure. Autrement
dit, le doigté ne change
pas durant
tout l’exercice, c’est
toujours celui de Sib grave,
et c’est uniquement par
la manipulation de la cavité
buccale et du souffle que
l’on provoque le passage
d’une note à une autre. Soit:
Sib1 (produit comme harmonique de Sib grave) → Sib grave
Fa2 (second harmonique de Sib-grave) → Sib1 puis Fa2 → Sib grave
Sib2 (troisième harmonique) → Fa2 Sib2 → Sib1 Sib2 → Sib grave
Ré-aigu → Sib2 etc.
Et
ainsi de suite jusqu’au plus haut que l’on peut monter, sans
forcer exagérément, ce n’est pas une compétition d’escalade.
Il est bon de savoir que cette limite d’altitude dépend à la fois
des compétences techniques du joueur et de sa configuration
matérielle. Par exemple au ténor j’arrive à sortir sans problème
les harmoniques suivants de Sib grave: Sib1 Fa2 Sib2 Ré aigu Fa
aigu Lab suraigu Sib suraigu Do suraigu Ré suraigu (certains
avec d’autres équipements montent encore bien plus haut). Au
soprano, mon amplitude est notablement plus réduite: Sib1 Fa2 Sib2 Ré
aigu Fa aigu. Mais même avec ça, il y a de quoi faire...
L’exercice
précédent est à pratiquer de la même manière avec les
harmoniques de Si grave, Do grave, et Do# grave.
Encore
une fois, veiller à
travailler lentement et avec une pleine attention. On outre il vaut
mieux pratiquer pas longtemps mais régulièrement qu’essayer
de se débarrasser de tout en une fois.
Je ne prétends pas que ce sont les seuls exercices utiles ni qu’on est obligé d’en passer par là. Ils existent, ils fonctionnent pour avoir été proposés depuis des décennies par les meilleurs enseignants à leurs élèves, ils sont une aide possible pour atteindre le but recherché ici.
Fort
de cette expérience réussie avec cette combinaison
soprano
Mark VI + bec S27 + anche Java Rouge 2,5 + ligature BG standard
j’ai
voulu savoir comment ces règles se transposent à un bec plus
ouvert.
Les premiers essais avec le Meyer 8M (ouverture 1,5mm) ne se révèlent pas pleinement satisfaisants. Autant j’appréciais sa réponse avec des anches traditionnelles moyennes (2,5 et 3), autant il vire un peu à l’aigre avec des anches plus faibles, avec de surcroît un aigu qui s’affine.
Les
choses se passent beaucoup mieux avec le Vandoren S6. Sa bonne
compatibilité avec le Mark VI vient peut-être de sa petite chambre
en fer à cheval, semblable à celle du fameux Soloist dont je crois
il s’inspire.
Ouvert
à 1,58mm, Vandoren recommande pour ce bec les anches suivantes:
En
guise de repères, voici quelques combinaisons utilisées par des
professionnels glanées au cours de mes flâneries sur le net:
Tout
ça reste bien dans la norme. Que se passe-t-il avec des anches plus
faibles? Faisons court.
Avec
des Java Rouge 2,5 le résultat est impeccable quoique un peu moins
facile que la combinaison S27 + Java Rouge 2,5. C’est sûrement dû
à la grande différence d’ouverture que ne compense pas
entièrement un plafond nettement plus bas.
Avec
des Java Verte 2 ça coince franchement dans l’aigu.
C’est
une nouvelle fois les Java Rouge qui m’étonnent en me donnant la
possibilité de descendre à la force 2:
-
extrême grave: encore plus facile à articuler qu’avec le S27 mais
au détriment de la rondeur;
-
première et deuxième octaves: sonorité agréable mais plus
brillante, sans devenir agressive ni aigre; aussi, il supporte qu’on
envoie plus d’air permettant une plus grande projection (le S27
n’est vraiment pas fait pour ça);
-
aigu: il demande un peu plus de contrôle (d’autant plus que l’on
souffle fort); le son est plus fin tout en étant plus brillant.
Je lui trouve un autre petit défaut: sa forme le rend moins confortable en bouche.
En résumé, je reste avec le S27 + Java Rouge 2,5 plus confortable, plus chaud, plus rond, plus homogène.
Bien qu'assez satisfait, je reste persuadé que les choses sont encore perfectibles. Mes recherches continuent donc.
Tout d'abord avec un nouveau bec classique, le Selmer Concept. Très
fermé (encore plus que le S27: 1.06mm), il reste cependant parfaitement
jouable avec les mêmes anches Java Rouge 2,5. Mais le son ne me plaît
guère, et encore moins les sensations qu'il procure en bouche dues à sa
forme très particulière.
Et
pourquoi pas un Lebayle dont les becs me réussissent si bien au ténor?
Mon choix est vite fait: ce sera un modèle Jazz ouverture 7. Voilà pour
le plus facile, le difficile étant d'en trouver un! Beaucoup de
magasins de musique en ligne proposent des Lebayle, mais les stocks
sont faibles et j'ai dû passer du temps avant de trouver ce modèle en
ébonite dans cette ouverture. Finalement c'est un magasin en Belgique
qui en avait un en stock. Une chance! Dès réception, essayé avec des
Java Rouge et Verte de force 2, la combinaison s'avère parfaite:
- une grande facilité d'émission de l'extrême grave à l'extrême aigu, comme j'aime:
- un beau son homogène, chaud et velouté, comme j'aime;
- avec plus de richesse et de flexibilité que le S27 pour plus d'expressivité.
Bref, l'aboutissement probable de ma quête.
J'en conviens, la finition des becs Lebayle n'est pas toujours parfaite et les indications d'ouverture souvent approximatives. Mais quelle intelligence et quelle intuition dans leur conception! Un vrai magicien.
J'ai
toujours éprouvé des difficulté à enregistrer le saxophone soprano. Je
crois être parvenu à une solution satisfaisante que j'expose dans cet
autre document: enregistrer le saxophone soprano.
Traditionnelle
La
conception de ces anches permet d’obtenir un
son extrêmement pur grâce à la combinaison de deux facteurs:
- une extrémité très fine de l’anche (où la
zone de vibration est maximale);
- une colonne vertébrale importante (plus de bois
dans la zone menant graduellement au talon).
Les anches Traditionnelles allient le bout le plus
fin avec le cœur le plus épais, permettant ainsi une articulation
impeccable avec une sonorité pleine et sombre.
V12
Le
succès des anches V12 dans le monde de la
clarinette depuis 25 ans nous a conduits à en transposer les atouts
et points forts dans l’univers du saxophone.
D’une
émission très précise avec un timbre homogène quel que soit le
registre, des aigus maîtrisés et un son chaud et feutré, cette
nouvelle anche offre des possibilités exceptionnelles. Issues d’une
sélection de roseaux de dimensions spécifiques, les anches V12 sont
plus épaisses aux deux extrémités que les anches traditionnelles.
Elles vibrent sur une palette plus longue et procurent un son riche
et profond. Leur bout plus épais apporte du corps à l’attaque et
augmente leur longévité.
Java Verte
Créées
en 1983 pour le jazz et la variété. Une
extrémité plus épaisse, une palette* plus flexible que les anches
traditionnelles lui permettent de vibrer sur une plus grande surface
avec un maximum d’élasticité. Ce type de colonne vertébrale
assure une très grande souplesse dans le jeu du musicien, puisque la
zone d’élasticité est très grande.
Les anches Java sont plus flexibles que les anches
Traditionnelles et les V16, et vibrent sur une grande palette,
développant ainsi un son brillant avec une réponse immédiate.
* Palette: zone où les ondes se propagent avec la plus grande amplitude. En partant du bout, les ondes sont amorties plus loin dans l’anche Java.
Java Rouge
Proposer plus de choix aux musiciens tout en conservant les qualités de l’univers Java, tels furent les objectifs qui présidèrent à la conception de cette nouvelle anche. Plus souple que son aînée, un peu plus de corps, la Java “Filed - Red Cut” offre une sonorité pleine, dense et compacte et garantit une excellente projection ainsi qu’une grande précision dans les attaques. Issue de la famille des anches Java, la Java “Filed - Red Cut” bénéficie d’une toute nouvelle coupe. C’est également la première anche Vandoren de jazz et de variété dont l’écorce est grattée.
V16
Lancées en 1993 pour répondre à la demande de musiciens de jazz américains “une anche Java avec encore plus de bois”. Les anches V16 ont une extrémité plus épaisse et une palette plus longue que les anches traditionnelles. Un son plus brillant, plus percutant, particulièrement bien adapté à tous les nouveaux styles de musique. Les anches V16 ont un cœur d’épaisseur moyenne (entre l’anche Java et l’anche Traditionnelle), avec un design conçu pour produire une attaque percutante, avec une sonorité riche et profonde
ZZ
Conçues en 2002, les anches de jazz ZZ offrent une grande aisance d’émission tout en préservant la résonance et la brillance du timbre, indispensables pour ce style de musique. Le parfait équilibre de cette anche lui confère une extraordinaire couleur de son, une excellente réponse et une grande longévité. Les anches ZZ combinent un cœur d’épaisseur moyenne, la colonne vertébrale et le bout arrondi de la V16 avec la palette flexible de l’anche JAVA, donnant ainsi à l’artiste une extraordinaire couleur et richesse sonore et une excellente réponse.