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Rappel: dans son
rôle de cocon la cabane n’est pas faite pour isoler l’habitant
mais au contraire le relier. Le relier à ses propres multidimensions
ainsi qu’à de profondes forces transformatrices physiques et psychiques
auxquelles en d’autres lieux ou d’autres circonstances il accèderait
plus difficilement. Ceci en l’aidant à tourner son regard en dedans:
dehors, l’on ne peut que contempler le résultat de ces forces; au dedans
de soi, on les met en action.
Mais prenons garde aux excès
de prétention et de sérieux. Prenons garde d’abord à ne
pas poursuivre ce but d’un homme-chenille rampant aspirant à devenir
homme-papillon voletant gaiement, ou un autre, avec obsession et acharnement.
La seule chance de l’atteindre c’est en s’en détachant tellement qu’il
finit dissout dans chacune de nos pensées et chacun de nos actes, y compris
et surtout les plus banals.
Prenons garde également
à ne pas prendre cela tellement au sérieux que la joie et l’humour
se noient dans l’orgueil et la sacralisation. Un cocon, du moins dans
l’idée que je m’en fais, n’est pas un temple réservé à
la prière, à l’ascèse, aux rituels propitiatoires pas plus
qu’aux réflexions mentales absconses. Il est bien sûr possible
de se livrer à ces activités, chacun fait ce qu’il veut. Mais
n’oublions pas aussi, par exemple: de manger quand on a faim, dormir quand on
a sommeil, faire pipi quand on a la vessie pleine, jouer à la belote
avec les copains, faire l’amour avec son, sa ou ses bienaimé(e)(s), et
tant de choses plus ou moins banales ou excitantes qui sont la vie même.
Bref créons-nous des vies et des lieux de vie à l’image que nous
nous faisons du grand rêveur farceur qui projette cette réalité
et nous projette dedans. Ou du moins essayons…
Le cocon reflète
son habitant, l’habitant se reflète dans son cocon: "Montre-moi
ton cocon je te dirai qui tu es." Parce qu’il est une telle projection
de son être intime, le cocon est forcément une cabane,
au sens habituel d’une petite structure auto-conçue et auto-construite.
Pour des occidentaux majoritairement
citadins et assistés qui l’auraient peut-être oublié, je
rappellerai que l’autoconstruction a longtemps été la règle
dans le passé et l’est encore de nos jours dans de nombreux pays, forcément
considérés vus d’ici comme moins développés.
Jusqu’à une époque
relativement récente, la séparation des fonctions entre maître
d’ouvrage, maître d’œuvre, architecte, constructeur, décorateur
était réservée à des bâtiments de prestige.
C’est maintenant la norme chez nous au point que pour toute construction nouvelle,
voire simple transformation d’un bâtiment existant, un permis est requis.
Certes la loi autorise à ne pas recourir aux services d’un architecte
lorsque la surface est inférieure à un certains seuil. Mais en
pratique, chaque détail de la construction est si normé que le
non spécialiste a peu de chances de s’en sortir. Qui sait à quelle
distance minimale d’une charpente en bois doit passer un tuyau de cheminée?
Car c’est réglementé, et les règlements de ce genre se
comptent par centaines voire par milliers. Oubliée l’autoconstruction,
l’habitant doit se contenter d’être maître d’ouvrage. Dans le meilleur
des cas il a la possibilité d’indiquer ses préférences
à l’architecte qui se contente d’assembler et de permuter quelques formes
et structures basiques qu’il connaît. Puis le projet passe aux mains d’artisans
qui le réalisent tel quel, prenant parfois l’initiative de proposer ici
ou là l’ajout d’éléments décoratifs. On voit le
nœud du problème: la séparation entre l’architecte qui fait les
plans, l’artisan qui construit, et l’habitant qui se contente d’habiter. Certes
ce dernier peut avoir une participation plus active s’il est bon bricoleur ou
s’il a une idée claire de ce qu’il veut. Mais cela ne change rien à
la séparation tranchée des rôles.
Je crois qu’il tient à
pas grand chose que l’habitant reconquiert la pleine maîtrise de la conception
et de la construction de sa maison. Remarquons en effet ceci:
+ les adultes
comme les enfants se débrouillent très bien pour se bricoler
des cabanes;
+ ils savent aussi très
bien investir un lieu pour quelques heures, quelques jours ou quelques semaines,
que ce soit pour un simple pique-nique, un bivouac, ou un séjour prolongé
de camping;
+ cf. le succès
des magasins de bricolage, des revues et émissions de télé
consacrées à la maison;
+ cf. les stages de
plus en plus nombreux destinés aux personnes désireuses de construire
elles-mêmes leur maison, que ce soit en bois, en paille, en béton
de chanvre, concevoir et construire un dôme géodésique,
fabriquer sa propre yourte, etc.
La construction par chacun de sa cabane-cocon est d’autant plus facile qu’elles n’ont pas à subir de grosses contraintes, l’essentiel étant supporté je le rappelle par la grande structure, les arbres et les nuages. En outre leurs dimensions sont relativement petites, disons de 6 à 20 m², car au-delà ce n’est plus un cocon, c’est une maison entière. Pour se faire une idée de ce à quoi ça correspond, voici les dimensions selon la forme au sol:
surface |
rond |
carré |
rectangle |
6 |
2,8 |
2,5 |
2x3 |
9 |
3,4 |
3 |
2,5x3,5 |
12 |
3,9 |
3,5 |
3x4 |
16 |
4,5 |
4 |
3,5x4,5 |
20 |
5 |
4,5 |
4x5 |
Comme je viens de
le signaler, dans de nombreux pays moins ‘évolués’ tout comme
chez nous dans un passé pas si lointain, il n’y a d’autre alternative
que de faire sa maison soi-même. Le côté positif est que
cela va dans le sens d’une autonomie et d’une responsabilisation. Cela a hélas
une contrepartie: ces constructions sont souvent très uniformes voire
franchement très moches. Quelques planches ou parpaings avec posées
dessus des branches ou des tôles ondulées et cela fait une maison;
des pierres entassées avec des ouvertures pas plus grandes que des meurtrières
et cela fait une ferme ‘traditionnelle’… Pas besoin de voyager dans les bidonvilles
d’Afrique ou d’Asie, il suffit de se promener dans les campagnes françaises
pour contempler des styles propres à chaque région de maisons
paysannes pas franchement belles et qui suintent tout autant la pauvreté
que là-bas. Quelques réalisations échappent heureusement
à ce triste tableau, associées généralement à
des tribus parmi les plus ‘primitives’: huttes en tous genres d’Afrique, d’Amazonie,
d’Océanie, yourtes, tipis, etc. Elles n’échappent pas en revanche
à la répétition et à l’uniformité. La créativité
n’a guère de place dans toutes ces productions. Traditionnellement l’on
se contente de reproduire les mêmes formes en refaisant les mêmes
gestes que ses parents pour modeler et assembler les mêmes matériaux
disponibles localement. Quand un peu de fantaisie est socialement permise, elle
se limite à des effets décoratifs: ici un linteau de porte ou
de cheminée sculpté, là quelques arabesques tracées
dans l’enduit d’un mur ou peintes sur la membrane de la tente…
Cette absence générale
de créativité s’explique notamment par: l’accessibilité
et le coût des matériaux, les savoir-faire maîtrisés
et le manque de temps pour en acquérir de nouveau, et enfin le conformisme.
Le défi ici est de trouver des procédés constructifs variés
relativement faciles à mettre en œuvre tout en autorisant la plus grande
expression de la créativité.
Même si la plus grande liberté est de mise, il ne s’agit pas non plus de faire n’importe quoi: matériaux inappropriés, structures sur ou sous-dimensionnées, etc. Une cabane-cocon n’est pas une cabane de jardin bricolées avec quelques planches et quelques plaques de tôle ondulée pour y ranger des outils. On est censé y vivre, c’est-à-dire au moins y dormir de temps en temps. Voici quelques lignes directrices qui peuvent être utiles sans être normatives:
+ légère,
pour être économe en matériaux, facile à construire
et à déplacer;
+ économique,
en recourant à des matériaux renouvelables (bois) ou recyclables
(carton) ou qui ont une longue durée de vie (aluminium, ETFE);
+ adaptables de manière
simple pour ajuster continuellement le filtre qu’est la maison à des
conditions extérieures changeantes et des désirs et humeurs
de l’habitant qui ne le sont pas moins.
En tant que cocon, une cabane est véritablement une extension de son habitant, pour ne pas dire une sécrétion. Donc la ‘peau’ de la cabane devient sa troisième peau, prolongement de la deuxième constituée de ses vêtements, elle-même prolongement de sa propre peau. De même que l’on change de vêtements selon l’heure, la saison, l’activité, etc., il me semble intéressant de modifier l’interface dedans-dehors pour ajuster les conditions climatiques aux besoins en confort. Si possible sans recourir à des dispositifs techniques sophistiqués, synonymes de chers, enclins aux pannes et gourmands en énergie. Le plus simple serait de changer la membrane de la cabane au gré des besoins. Par exemple:
+ pour les
hivers froids, une membrane façonnée comme une couette, deux
couches entre lesquelles est inséré un matériau isolant
(laine, ouate de cellulose, polyester, etc.);
+ pour les étés
chauds, une simple moustiquaire; imbibées d’eau, elle procure un effet
rafraîchissant;
+ pour les saisons intermédiaire,
une membrane en toile de coton, de chanvre, de polyester, etc.
Toutes ces membranes
peuvent bien entendu être peintes, brodées ou décorées
de diverses manières.
Si c’est bien conçu,
changer de membrane ne doit pas prendre plus de temps que de changer les draps
d’un lit ou de tirer des rideaux. Et compte tenu de la petite taille des cabanes,
elles ne devraient pas occuper beaucoup de place une fois repliées.
Bien que très générales ces quelques lignes directrices me semblent suffisantes pour laisser se déployer au maximum la créativité de chacun. Inutile donc de rentrer dans les détails de ce à quoi elles pourraient ressembler ou comment elles devraient être construites. Sauf qu’il me semble tout de même intéressant, au moins pour donner le goût d’y consacrer un peu de temps, de montrer ce qu’il est possible de faire aujourd’hui avec peu de moyens, des techniques faciles à mettre en œuvre et beaucoup de créativité. On peut bien sûr se contenter de reproduire ces exemples tels quels. Mais surtout ils doivent servir à nous libérer de nos présupposés quant à ce doit être ou ne pas être une cabane ‘convenable’, bref libérer l’imagination.
Pour ne pas donner
à ce livre le volume d’un catalogue de vente par correspondance, je me
contenterai d’exposer rapidement une quinzaine d’exemples qui donnent une bonne
idée de la variété de formes et de procédés
constructifs.
Il va de soi qu’aucune de ces
constructions n’a été conçue au départ comme une
cabane-cocon au sens où je l’entends ici. Il n’empêche que
certaines sont immédiatement transposables, comme les boîtes
à thé de Shigeru Ushida. Quelques unes sont même disponibles
à l’achat prêtes à monter comme les dômes en tenségrité
de Shelter Systems. D’autres en revanche demandent à être plus
ou moins adaptées pour remplir ce rôle de cabane-cocon,
par exemple les belles formes de Renzo Piano ou les maisons en carton. À
prendre donc comme des sources d’inspiration pour en faire ce que l’on veut.
Bref, il y en a pour tous les
goûts. À chacun de faire son marché et trouver ce qui lui
convient en fonction de ses désirs, de son imagination, de ses aptitudes
au bricolage, de l’investissement qu’il souhaite consentir en temps, travail
et argent.
Afin de donner un ordre de
présentation à cette quinzaine d’exemples disparates, j’ai choisi
la classification suivante:
tentes traditionnelles
formes géométriques
revisitées, le cube et l’hémisphère
un matériau ancien
remis au goût du jour, le carton
trois concepts originaux
dans les arbres, à
la conquête de la troisième dimension
Il s’agit principalement du tipi, de la yourte et de la tente noire des nomades du désert.
Ces réalisations
ayant déjà été décrites dans le livre 1,je
n’en dirai pas davantage. D’autant qu’elles ne me semblent pas du tout appropriées
à l’homme d’aujourd’hui ni au contexte climatique de nos contrées.
Les reproduire telles quelles hors de leurs contextes culturels et géographiques
respectifs n’a pas de sens selon moi. Peut-être faudrait-il juste s’en
inspirer, se les réapproprier pour les recréer en leur donnant
un sens nouveau? C’est ce qu’a réussi magistralement Renzo Piano pour
le centre culturel Jean-Marie Tjibaou à Nouméa. Nous verrons cela
dans quelques paragraphes.
Ceci dit, il ne s’agit là
que de mon opinion, et je sais que nombreux sont ceux qui ne la partagent pas,
trouvant aujourd’hui parfaitement approprié de vivre dans un tipi ou
une yourte. Pour ceux chez qui ces formes d’habitations rencontreraient un écho
plus favorable que chez moi, j’ajouterai juste qu’ils trouveront sur internet
des sites (quelques uns en français, davantage en anglais) de fabricants
disposés à faire à leurs mesures la tente de leurs rêves,
ou des plans pour la réaliser eux-mêmes.
Quoi de plus banal que le cube en architecture? Presque toutes les habitations humaines en dérivent, ce que je ne me suis pas privé de dénoncer dans le livre 2. Mais la créativité humaine est telle que même les formes les plus banales peuvent redevenir attrayantes. C’est ce que parvient à faire Shigeru Ushida avec son travail sur les textures et la lumière. Il a conçu trois jolis pavillons destinés à la cérémonie du thé.
dans grandes idées petites structures, Thames et Hudson 2001, p 30-31 |
Ces pavillons portent des noms évocateurs: "sens et perception", "concept et composition", "volonté et mémoire". Environ 6 m² chacun, faits de bois et de bambou, ils possèdent une structure modulaire qui rend leur montage et leur démontage aisé. Certes leur prix d’achat est élevé, quelques dizaines de milliers d’euros, à l’instar de reproductions d’art en petites séries. Mais un bricoleur parviendra sans difficultés à s’en inspirer pour se construire à moindre coût un petit cube-cocon à son goût.
Changement de forme et de catégorie avec ceci:
Les dômes géodésiques
ont été étudiés dans le livre 1
deuxième partie. Si le résultat final dégage souvent
un air de simplicité et de légèreté, la conception
et la réalisation sont quant à elles beaucoup plus compliquées.
Guy Massicote (http://www3.sympatico.ca/geodome/recyclf1.htm
d'où sont tirées photos et citations) s’est attelé à
la tâche de rendre tout cela le plus simple possible et extrêmement
bon marché. Il parle lui-même très bien de sa démarche:
"Cette structure expérimentale,
construite en janvier ‘87, illustre une stratégie économique de
construction d’abris à l’aide de matériaux de basse qualité
provenant de vieilles caisses de bois abandonnées aux recycleurs. Ce
dôme ellipsoïde de fréquence 2 en forme de patate avait un
intérieur très agréable. Il était assez solide pour
résister à n’importe quelle charge de neige. Nous l’avons fabriqué
dehors en hiver, sur la table que vous pouvez voir à l’intérieur
du dôme.
Les dômes géodésiques
sont perçus comme des structures exigeant un haut degré de précision
et de sophistication dans leur procédé de manufacture. Cette perception
peut nuire à leur adoption par les gens vivant dans des conditions difficiles.
C’est ce qui nous incita à tester la faisabilité de l’utilisation
de matériaux recyclés de basse qualité pour la construction
de dômes. Nous avons collecté le bois dont nous avions besoin dans
les rebuts industriels (surtout du bois de palette). Peut-on vraiment utiliser
du bois recyclé pour construire un dôme? L’illustration suivante
montre comment procéder.
En gardant le design
de la membrure à une forme simple, nous pouvions donner au dôme
une forme ellipsoïde (pour le plaisir du défi) sans perdre le contrôle.
Seulement trois paramètre furent appliqués au design de la membrure
(une longueur et deux angles). Les parties inutilisables de chaque pièce
de bois étaient coupées de cette façon dans le but de nous
permettre d’utiliser pratiquement n’importe quel pièce de bois usagée.
Pendant le montage de ce dôme ellipsoïde, nous avons constaté
qu’il fallait tordre la plupart des membrures pour les assembler entre elles.
Lors de la construction de
ces dômes, nous n’avons utilisé que les planches et pièces
de bois les plus avariées. Les pièces courtes et tordues faisaient
notre affaire. Un dôme allant jusqu’à 40 pieds de diamètre
peut être construit de cette façon. Tous les dômes montrés
ici furent couverts avec du film et des bâches de polyéthylène
car leur utilisation se limitait à quelques années mais ces dômes
auraient pu être rendus permanent par une simple poursuite du procédé
de recyclage. De cette façon, nous avons construit notre propre site
industriel recyclé, destiné à poursuivre nos expériences."
Programme semblable, revisiter une forme géométrique archi-connue, le dôme, de manière simple et bon marché, mais proposition très différente avec les dômes à membrane tendue en tenségrité de Shelter Systems (http://www.shelter-systems.com). Il en a été déjà largement question dans le livre 1 troisième partie. Je ne reviendrai donc pas sur les détails de ces réalisations et me contenterai de prendre deux exemples convenant à l’idée que je me fais de cabanes-cocons. Voici tout d’abord ce qu’ils appellent "geodesic yourt":
Le modèle présenté mesure 4,2 m de diamètre (précisément 14 pieds), 2,1 m de haut, et couvre environ 14 m². Le dôme seul (armature et membrane sans le tapis de sol) pèse environ 20 kg et se monte en 30 minutes. Avec des matériaux que l’on trouve partout (tubes PVC de plomberie pour l’armature et membrane polyester ripstop) il revient vraiment pas cher si on le fait soi-même, et à moins de 800 $ à l’achat prêt-à-monter.
Autre variation intéressante, le "bubble dome":
De diamètre moindre (10 pieds pour le modèle présenté soit environ 3 m) pour un coût similaire, il est plus haut et donne une toute autre sensation d’espace.
Utilisé ici comme serre, il est facile de l’aménager en cocon.
Quand on parle de
carton, on pense à des emballages, des maquettes ou des objets décoratifs,
pas du tout à des habitations. Et pourtant, il présente d’indéniables
qualités qui le rendent parfaitement approprié à cet usage.
D’ailleurs les guêpes cartonnières ne l’emploient-elles pas depuis
des milliers d’années pour faire leurs nids? Elles arrachent aux arbres
des petites boules de cellulose qui, mélangées à leur salive
et déposées aussitôt, forment une structure leur convenant
parfaitement.
Le carton est économique,
complètement recyclable, léger et isolant (surtout le carton ondulé),
très facile à travailler, solide à condition de bien concevoir
la structure, et durable à condition de ne pas trop la maltraiter (on
évitera de suspendre de lourds meubles de cuisine!), ignifuge en ajoutant
des additifs lors de sa fabrication et imperméable en le recouvrant d’un
film d’aluminium ou de plastique (éventrez une boîte en carton
de lait, de jus de fruit ou de soupe, et vous constaterez la présence
à l’intérieur d’un tel film). Bref un matériau quasi idéal
pour des cabanes-cocons pas chères, faciles à construire,
faciles à entretenir, faciles à personnaliser et à décorer.
À la fin des années 60 et au début des années 70, les dômes étaient très à la mode dans les milieux de la contre-culture américaine. Cela a donné lieu à toutes sortes d’expérimentations, tant pour la structure que pour la couverture (cf. en particulier le "pillow dome" de Jay Baldwin décrit en détail dans le livre 1 quatrième partie). L’intérêt du carton n’a pas échappé à certains:
paperhouses,
survival scrapbook 4 Roher Sheppard, Richard Threadgill, John Homes Unicorn Bookshops 1974 |
De tous les architectes
de renommée internationale, Shigeru Ban est le seul à ma connaissance
à avoir construit avec du carton. Précisément, il a exploré
une autre piste que précédemment, à savoir des structures
faites de tubes en carton. De tels tubes sont largement employés dans
l’industrie pour transporter des matériaux tels que tissus, films plastique,
papier, etc. Ils sont disponibles en une grande variété de longueurs,
de diamètres et d’épaisseurs. Placés verticalement, ils
peuvent servir de colonnes porteuses d’une grande résistance: "Théoriquement
je pourrais construire avec des structures de plusieurs étages mais je
n’en ai pas encore eu la possibilité", dit Ban.
Son intérêt pour
ce matériau s’est éveillé suite au catastrophique tremblement
de terre de Kobe au Japon en 1995. Pour reloger les habitants rapidement mais
dans des conditions plus confortables que les habituelles tentes de secours,
il a conçu de petites unités d’environ 16 m² très
bon marché et faciles à construire par tout un chacun:
Des caisses de bière
remplies de sable en guise de fondations. Pour les murs, des tubes en carton
disposés verticalement, les interstices étant bouchés avec
des bandes de mousses isolante adhésive. Une simple toile de tente en
guise de toit. L’été, un espace pouvait être laissé
pour que l’air circule entre les murs et le toit; l’hiver, cet espace était
refermé pour garder la chaleur.
Sur sa lancée et à
la demande des habitants, Shigeru Ban a aussi conçu une église
pour remplacer celle détruite. Elle a une base rectangulaire de 15 mètres
par 10 et un intérieur ovale pouvant compter 80 sièges. Les murs
sont faits de 58 tubes en carton de 5 m de long, 33 cm de diamètre
et 15 mm d’épaisseur.
Cet architecte plutôt
atypique mérite quelques mots sur sa démarche:
"Si l’on considère
le projet pour Kobe en regard de la situation lors de la catastrophe, on ne
peut manquer d’y distinguer une approche critique du système de production
de l’architecture. Face aux ruines des structures de béton armé
effondrées, Shigeru Ban propose l’emploi du carton pour réaliser
à moindres frais et en toute sécurité des habitations et
une église. Au-delà de l’évidente maîtrise des possibilités
techniques d’un matériau apparemment peu propice à un emploi structurel,
le projet conduit alors à réévaluer certaines certitudes.
La pâte à carton sans forme (mais déjà présente
dans l’architecture traditionnelle japonaise par l’intermédiaire des
shoji), à l’inverse des amas de décombres inutilisables et irrécupérables,
donne naissance à une architecture optimisée sur les plans technique
et économique, et libérée de ses anciens a priori. La catastrophe
est l’occasion de dépasser les limites existantes. Le procédé
de recyclage prend part à l’architecture pour lutter contre l’entropie
tout en jouant avec le statut éphémère de l’objet produit.
En concevant, sur la demande des habitants, une église puis en proposant
des maisons familiales qui permettent de recréer une communauté,
Shigeru Ban formule une nouvelle origine pour l’architecture et impose une réflexion
qui dépasse les notions de contexte, de programme et de moyens en inscrivant
l’acte architectural autrement, par une conscience actuelle de ses enjeux. La
conception des abris pour Kobe et pour le Rwanda va ainsi bien au-delà
de la réponse circonstancielle aux conséquences dramatiques d’une
catastrophe naturelle ou d’une guerre civile, elle interroge la totalité
du processus de la conception architecturale ainsi que son action dans la société.
Elle est autant la recherche d’une esthétique que d’une éthique
architecturale." (Arata Isozaki, dans http://fr.wikipedia.org/wiki/Shigeru_Ban
)
Un dernier exemple, qui vient d’Australie cette fois, conçu avec cette même éthique mais beaucoup plus sophistiqué. Le voici pour montrer jusqu’où on sait aller aujourd’hui:
Cette maison prototype
presque entièrement en carton est née de la collaboration du cabinet
d’architectes Stutchbury and Pape et du centre de recherches pour l’habitat
Ian Buchan Fell de l’université de Sydney. L’idée de départ
était une recherche de simplification technique allant de pair avec une
simplification des besoins pour aboutir à une maison 100% recyclable.
La totalité de la structure est en carton. Il n’y a que le toit, la salle
de bain et la cuisine qui sont recouverts d’un film polyéthylène
haute densité pour l’étanchéité. L’idée de
recyclage s’étend au fonctionnement même de la maison puisque l’eau
de pluie est récupérée, les eaux grises traitées
et remises en circulation, et les eaux noires des toilettes traitées
en compostage.
La maison est conçue
comme un kit constitué d’un certain nombre de paquets plats qui tiennent
dans un petit véhicule utilitaire. Un peu comme des meubles de cuisine.
Le montage ne requiert d’ailleurs guère plus d’expertise: deux personnes
peuvent en venir à bout en six heures.
La structure principale est
constituée de six cadres en A. Ils sont tenus par une structure secondaire.
En gros, c’est un peu le même principe que les plaques en carton emboîtées
que l’on trouve à l’intérieur des caisses de bouteilles de vin
et qui leur donnent tenue et rigidité. Quelques boulons en nylon, des
liens en polyester qui se fixent sans outil, et des bandes de velcro, voilà
tout ce qu’il faut pour monter cette maison. Pour qui douterait de sa solidité,
le prototype a subi durant sa présentation deux tempêtes avec des
vents dépassant 100 km/h, sans dommages.
Combien coûte-t-elle?
Le prototype de cette maison de 50 m² plus la mezzanine est revenu à
50 000 $. Les concepteurs estiment qu’une production en série
abaisserait le prix à 30-35 000 $. Ce serait encore moins cher
évidemment pour des surfaces plus petites.
Ces quelques exemples laissent entrevoir les intéressantes possibilités du carton pour la construction de maisons en général et de cabanes-cocons en particulier. On a vu employés différents types de cartons pour des bâtiments de différentes formes, surfaces et principes structuraux. Une piste d’autant plus intéressante que des chercheurs ont annoncé la mise au point à partir de déchets de bananiers d’un papier résistant au feu et à l’eau. À suivre donc…
À Nouméa en Nouvelle-Calédonie, Renzo Piano s’est vu attribuer la construction du centre culturel Tjibaou. Mondialement renommé pour des projets plus pharaoniques comme le centre Pompidou à Paris en 1978 (avec Richard Rogers) ou le terminal aérien de Kansai à Osaka au Japon en 1995, il a conçu là un ensemble remarquable, synthèse rare et réussie de tradition et de modernité.
Le centre, livré en 1998, consiste en dix structures semblables mais de hauteurs différentes, de 20 à 28 m, organisées en trois groupes: un pour les expositions, l’autre pour les bureaux, le troisième pour des activités diverses telles que musique, danse, peinture, sculpture, etc. Comme le dit Piano: "Les constructions sont l’expression des relations harmonieuses avec l’environnement typiques de la culture locale. Ce sont des structures courbes ressemblant à des huttes construites en bois. Ce sont des contenants à l’aspect archaïque destinés à recevoir à l’intérieur la technologie la plus moderne."
Les coques incurvées
sont faites de lattes de bois d’iroko importé du Ghana qui résiste
très bien à l’humidité et aux insectes. Les dix pavillons
sont disposés autour d’un hall couvert, comme dans un village traditionnel,
et immergés dans une végétation luxuriante. Le lieu, choisi
avec les Kanaks (qui soit dit en passant signifie littéralement hommes)
est une péninsule qui s'élance vers l’océan et garantit
un contact direct avec la Nature.
"Le respect de la tradition
et de la culture du lieu, la sensibilité à l’égard de la
nature et la capacité de dialoguer avec un peuple aussi différent
font de ce projet un ouvrage vraiment exemplaire d’une architecture qui recherche
l’universalité dans les valeurs authentiques." (Laura Della Badia
dans http://www.floornature.info/articoli/articolo.php?id=744&sez=3&lang=fr
)
Renzo Piano prouve qu’il est
possible de faire véritablement du nouveau sans renier l’ancien. Démarche
qui me semble de loin préférable à la simple copie.
Il va de soi que même s’il emprunte aux huttes traditionnelles, ce ne sont pas des cabanes à proprement parler, au moins par leurs dimensions. Mais pour qui se sentirait attiré par ces formes élégantes il n’est pas très difficile de s’en inspirer pour réaliser d’agréables cabanes-cocons.
Cantercel se veut
le site expérimental d’architecture de l’association Sens Espace. Selon
Jean-Pierre Campredon qui la dirige aujourd’hui: "L’architecture peut devenir
la science des rapports et de la communication plutôt que de la protection."
Je ne puis qu’être d’accord. Mais pour en parler je préfère
laisser la parole à James Wines qui semble les connaître mieux
que moi:
"Motivée par des
objectifs plus orientés sur la psychologie et inspirés de Gaïa,
l’association Sens Espace a été fondée dans le studio parisien
d’Hervé Baley en 1969 dans le but de reconnecter les hommes avec leurs
origines naturelles. Reflétant certaines croyances des civilisations
aborigènes dans la valeur du transfert spirituel pour parvenir à
un niveau plus profond d’identité avec la Terre, cette organisation française
de design expérimental recherche une meilleure compréhension des
rapports biomorphiques dans la quête d’une cohérence avec la nature.
Sous la direction de Jean-Pierre Campredon, l’opinion soutenue par l’association
Sens Espace est que la majorité des architectes contemporains affirment
leur présence dans l’environnement en utilisant une panoplie de systèmes
techniques et de choix esthétiques qui ne font qu’accroître le
divorce entre les hommes et la nature. Le groupe fait en outre remarquer que,
le design choisi détruisant tout espoir de cohérence, les bâtiments
peuvent réellement imposer des barrières psychologiques. Les membres
de Sens Espace ont le sentiment que ce problème, dans sa complexité,
va bien au-delà des économies d’énergie et des technologies
de construction durables; l’architecture aurait bien plutôt un nouveau
rôle à jouer dans le domaine de la direction spirituelle. À
cet égard, ils proposent que "l’architecture soit le paysage"
et travaillent avec de nouveaux niveaux de plasticité qui imitent la
manière dont la nature répare son tissu de vie organique et inorganique.
Sens Espace s’intéresse à une architecture douce, souple et morphogénétique
qui tire parti des leçons que nous enseignent les modes de vie passés
des nomades et les caractéristiques de la nature." (dans l’architecture
verte, Taschen 2000, p 155)
Cantercel se veut un laboratoire
de ces idées. Entre autres réalisations intéressantes,
cette espèce de grand papillon posés au milieu des pins:
"Un bâtiment central en forme de losange avec un toit en textile et un modèle d’armature dotée de colonne en bois qui reflètent les rythmes des pins environnants (comme si le bâtiment ployait sous la force du vent). La principale innovation est due à Michael Flach, un membre de l’équipe. Il a développé un système de support léger et flottant librement, qui, plutôt que les treillis rigides de piliers que l’on associe aux toitures lourdes, concrétise sa vision d’une architecture intégré dans un flux contextuel spontané. Sa réussite a été rendue possible sur le plan des lois physiques par l’utilisation d’un auvent de toile très économique, fermement maintenu dans des rainures en bois par un ensemble de tringles. Le tissu est tendu avec une corde, formant un arc en diagonal et créant une double courbure de renfort." (p 158)
Imaginez un grand ressort spirale enroulé à plat sur 5 ou 6 tours. Imaginez que vous déployiez cet enroulement dans la troisième dimension pour obtenir une hélice-spirale. Stabilisez-la avec une membrane et vous avez une sorte de tente en forme de cocon qui peut être entièrement repliée et rangée à plat dans une boîte. Ajoutez dans le tiers inférieur un matelas gonflable qui épouse la membrane d’un côté et de l’autre constitue un support plat, à la fois sol et matelas. Suspendez le cocon à une branche ou entre deux arbres, et voilà!
http://www.archi-techno.de/cocoon/index.html | |
Ce cocon a été
conçu par l’architecte Dietmar Koering et le designer Robert Schwermer
pour des balades dans le désert du Mojave:
"L’histoire du désert
du Mojave a attiré là un certain nombre d’objets. Quand le gouvernement
a donné des fermes, des petites maisons ont été montées
et une civilisation à basse densité de population est née.
Quelques unes de ces maisons sont encore habitées, d’autres ont été
abandonnées. Utilisant cette ‘ressource’ existante, notre concept de
cocon consiste à accrocher ces structures dans ces maisons désertes.
Protégeant du vent et du soleil, leurs murs sont plus efficaces que des
tentes. Cela signifie qu’une véritable tente n’est plus nécessaire.
Dans les maisons l’on frissonne de froid, on se tient debout, on vit, tandis
que dans les cocons, une combinaison de sac de couchage, de hamac et de tente,
l’on s’assoit et l’on dort à deux." ( http://www.archi-techno.de/cocoon/index.html
, traduction personnelle)
Certes c’est pour un autre contexte et ce n’est pas très grand mais rien n’empêche de reprendre l’idée et de l’adapter. J’aime bien en particulier cette idée d’une habitation suspendue dans l’air. Voilà qui arrive à point nommé pour nous faire rentrer dans la troisième dimension.
Bizarrement, alors
que jamais on n’a construit d’immeubles aussi hauts, près de 500 m,
que jamais on n’a construit d’espaces couverts aussi vastes avec des portées
de plus de 100 m sans appuis intermédiaires et des élévations
du même ordre, on ne peut franchement considérer cela comme vivre
dans la troisième dimension. Enfants, on s’est tous amusé à
grimper dans des arbres. Adultes aussi, même si c’est généralement
pour des motivations plus utilitaires comme ramasser des pommes ou des cerises.
Eh bien, même si c’est pour ne contempler le sol que de trois ou quatre
mètres, les sensations ne sont pas du tout les mêmes que de marcher
sur un sol plat avec 2,5 m de hauteur sous plafond au dixième étage
d’une tour. Ce n’est pas du tout pareil que de contempler d’en bas la voûte
d’une cathédrale ou le toit d’un hall à 30 ou 50 m au-dessus
de notre tête. D’abord, grimpé dans un arbre, l’on est environné
de vide, branches et feuilles ne constituant pas un obstacle majeur. L’on retrouve
cela, exacerbé, dans certaines attractions de foires comme les montagnes
russes ou la grande roue. Mais il manque un ingrédient essentiel: la
possibilité de se mouvoir. Parce que dans un arbre, l’on peut commander
au corps de se mouvoir également dans les trois dimensions, tandis que
dans ces attractions il est ligoté, et que dans les constructions traditionnelles,
aussi hautes soient-elles, il ne peut se déplacer que dans le plan horizontal.
Il y a bien sûr des ascenseurs et des escaliers. Mais remarquons qu’ils
ne sont jamais des lieux de vie (cf. la gêne quasi systématique
entre passagers d’un ascenseur), seulement des espaces de passage d’un plan
horizontal à un autre plan horizontal.
Pourquoi ne pas faire de l’habitation
un véritable lieu de vie à trois dimensions? Ce n’est pas seulement
retrouver le plaisir de jeux d’enfants comme grimper dans les arbres ou faire
de la balançoire, ni se reconnecter à un très lointain
passé arboricole, ni encore exprimer son rejet de la société
comme le baron perché d’Italo Calvino dans son roman éponyme.
C’est, en se mouvant dans un volume plutôt que dans un plan, enrichir
ses facultés perceptives et représentatives. Donc regarder différemment
dehors pour voir différemment dedans. Qui n’a pas rêver de voler?
Un jour l’homme volera, je veux dire sans toute sa technologie lourde.
Alors que ceux qui le souhaitent s’y préparent. Voici quelques pistes
pour des cabanes-cocons sortant de l’horizontale.
Richard Horden et son équipe d’étudiants à Munich ont conçu un très élégant, compact et portatif poste d’observation de plage. Il se compose de trois grands pieds faits de tubes d’aluminium, d’une plate-forme surélevée en tissu acrylique tendu, d’un parasol et d’une tente intégrées. La hauteur des pieds est ajustable. Le tout pèse 70 kg, se range dans deux sacs que deux personnes peuvent transporter.
dans
grandes idées petites structures Thames et Hudson 2001, p 49 |
"Horden affirme
travailler ‘entre’: entre l’architecture traditionnelle et la technologie de
pointe, entre la terre et le ciel." (grandes idées, petites structures,
p 49)
Je suggère de détourner
cet objet de sa fonction de poste d’observation pour en faire une cabane-cocon.
Dans l’occupation de l’espace cela ressemble un peu à un lit mezzanine,
avec le lit en haut bien sûr, sur la plate-forme, et dessous un autre
volume habitable. La réalisation par contre est plus élégante
et plus légère qu’une classique mezzanine.
Une vraie cabane dans les arbres construite en bambou par Jo Scheer:
Remarquons que la cabane n’est pas construite dans un arbre à proprement parler mais qu’elle est au sommet d’une structure qui fait office d’arbre. Pas de fondations, pas de béton, juste quelques haubans pour la maintenir.
Gilles Ebersolt a conçu une station d’observation de la canopée (sommet des grands arbres de la forêt tropicale où se concentre la majorité des espèces vivantes) qui s’installe directement dans les arbres.
grandes
idées, petites structures |
|
Voici la description
qui en est faite dans grandes idées, petites structures:
"Ikos est une structure
en aluminium formée de vingt triangles équilatéraux (icosaèdre),
déposée dans les arbres par un dirigeable spécial puis
fixée à l’aide de câbles. Le montage, qui commence au sol
et se termine in situ, nécessite le travail de deux personnes pendant
deux jours. Trente barres de Dural sont assemblées sur douze disques
de connexion pour créer un module géométrique qui évoque
à la fois Buckminster Fuller et Tarzan… Une fois Ikos fermement accrochée
dans les branches, le mobilier est monté sur le module à l’aide
d’une corde et accroché aux barres de support. L’espace intérieur,
qui n’a rien à voir avec celui d’une simple tente, est alors pleinement
utilisable. Les quatre triangles qui forment la base soutiennent un plancher
en multipli doté d’une ouverture qui permet aux personnes montées
à la corde depuis le sol d’entrer dans la structure. Une fois à
l’intérieur, ses occupants bénéficient d’un espace de travail,
d’un coin cuisine et même de toilettes. La cuisine est dotée d’un
plan de travail et de poches de rangement. Le poste d’observation, situé
au sommet du module, est accessible par une échelle intérieure.
Trois sièges pivotants, un rail de sécurité, et un pied
pour les appareils optiques rendent l’étude de la vie naturelle, à
ces hauteurs vertigineuses, souvent plus de quarante mètres, presque
confortable. À la fin de la journée ou de la nuit d’observation,
le scientifique ou l’amoureux de la nature peut se reposer dans un des trois
hamacs protégés par un film transparent imperméable et
des moustiquaires. Non content d’offrir un abri efficace et solide, Ebersolt
a équipé sa structure, qui a la capacité de stocker cent
litres d’eau, de cellules photovoltaïques pour produire un peu d’énergie.
Avec un poids compris entre cinquante et cent kilos, Ikos est un modèle
d’efficacité énergétique et spatiale, désormais
indispensable non seulement aux scientifiques mais aussi aux défenseurs
de la nature et bientôt aux éco-touristes." (grandes idées,
petites structures, Thames et Hudson 2001, p 162s)
L’idée peut être
transposée dans le contexte des arbres et des nuages. Une
telle cabane-cocon pourrait être installée sur une structure
ad-hoc faisant office d’arbre comme dans l’exemple précédent,
voire dans un vrai grand arbre s’il y en a alentour et que la saison s’y prête.
Avec cette station d’observation dans les arbres se termine ce petit catalogue de cabanes-cocons. En guise d’invite à ne pas brider ses envies ni son imagination, pour voler à la rencontre de ses plus grands rêves…