intention et manifestation
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Comment nos intentions s'actualisent-elles en manifestations physiques? L'étude d'un effet placebo permet de dégager un processus, qui, vérifié ensuite dans d'autres domaines (guérisons spontanées, coévolutions, psychokinèse, incarnation) se généralise: intention = manifestation.
introduction | une expérience fondatrice | un nouveau paradigme | l'univers magique
Un de mes sujets d’étude de prédilection est
l’interface entre la conscience et le ¨monde
physique¨. Les guillemets
pour indiquer d’emblée que je ne m’inscris pas dans un dualisme
esprit-matière mais dans un monisme idéaliste où la matière est
dématérialisée, pour ainsi dire spiritualisée. Je le montre dans
plusieurs ouvrages, dont les plus récents physique quantique
et kosmogonie.
Cette interface conscience – ¨monde
physique¨, je
l’ai plusieurs fois abordée
dans le sens ¨monde
physique¨ → conscience,
notamment dans le cas des perceptions visuelles et auditives (par
exemple dans l’essai son
et lumière).
L’autre
sens conscience → ¨monde
physique¨ m’a toujours
paru plus difficile. Je
précise qu’il ne s’agit pas juste d’émettre une opinion mais
de tenter d’étayer des hypothèses par des expériences vécues
et des expériences scientifiques
reconnues. C’est là un point essentiel de ma démarche
épistémologique: satisfaire à la fois l’intuition et la raison
qui caractérisent ensemble l’esprit humain. J’avais réussi à
poser un premier jalon en 1995 dans un essai intitulé la
création de manifestation physique.
Depuis, pas
grand chose.
J’étais pourtant convaincu qu’il était possible d’aller plus
loin. Mais rien ne me venait … jusqu’à ce que …
Jusqu’à
ce que je découvre les recherches du neuroscientifique Lionel Naccache par trois de ses livres:
le nouvel
inconscient,
perdons-nous
connaissance,
le cinéma
intérieur
(tous chez Odile
Jacob).
La lecture de ses ouvrages a déclenché la cristallisation de ce qui
mûrissait obscurément
depuis tant d’années. Je précise que malgré mon enthousiasme, je
suis resté assez lucide pour ne pas me laisser entraîner dans son
matérialisme. C’est pourquoi j’ai pris
soin d’alterner
ces lectures avec d’autres ouvrages choisis à la frontière entre
expériences spirituelles et expériences objectives. Ce
fut d’autant
plus
facile qu’au
même moment me sont opportunément
tombés
entre
les mains des
témoignages très forts d’expériences de réincarnation (en
restant flou pour le moment sur le sens de
ce
mot):
Ian Stevenson, twenty
cases suggestive of reincarnation
(university press of Virginia, 1974);
Stéphane
Allix, lorsque
j’étais quelqu’un d’autre
(Mama éditions, 2017); Miriam Gablier, la
réincarnation
(éditions de la Martinière, 2014). Et
puis j’en ai profité pour reprendre le livre de Philippe
Guillemant, la
route du temps
(éditions le temps présent, 2010) pour me remettre en
tête sa
théorie
sur la causalité.
Toutes
les idées qui me sont venues au cours de ces lectures ont fusionné
avec mes propres idées développées au fil de nombreux ouvrages, et
une synthèse s’est matérialisée sous la forme de cet essai. Je
reconnais que mon propos n’est pas complètement nouveau: au fond
ce sont toujours les quelques mêmes idées que je triture. La
présentation en revanche l’est, de sorte que mes hypothèses
gagnent en crédibilité chaque fois que je les reformule en
incorporant de nouvelles expériences.
Les
exemples d’actualisation d’intentions sont innombrables. Chacun
de nous en effectue des centaines tous
les jours
sans avoir à
y réfléchir. Par exemple transformer l’envie de se désaltérer
en le fait que le bras saisit un
verre et le porte à la bouche. C’est
banal, et c’est là le problème pour ce que je souhaite faire: pas
grand chose à en tirer sinon que nous avons le savoir-faire pour
l’accomplir
sans se soucier de la manière dont cela
s’accomplit.
D’autres
exemples comme la psychokinèse pourraient s’avérer plus
éclairants. Je m’en suis d’ailleurs servi dans l’essai
sus-cité la
création de manifestations physiques.
Sauf que l’objectivation de ces phénomènes fait toujours, hélas,
l’objet de polémiques, sans
parler
de leur décryptage.
Bien que pour moi leur réalité ne fasse
pas de
doute,
tant de par mon expérience personnelle que
dans des expériences en laboratoire aux
protocoles
rigoureux, je préférerais commencer par un phénomène qui
ne soit pas entaché de suspicions.
C’est
finalement chez Naccache que j’ai trouvé l’exemple
parfait.
Dans perdons-nous
connaissance,
il consacre un chapitre à l’effet placebo et cite en particulier
une intéressante étude sur des parkinsoniens dans
laquelle je me suis empressé de me plonger.
La maladie de Parkinson est caractérisée principalement par des perturbations motrices: tremblements, rigidité, lenteur de mouvements... Ces troubles sont consécutifs à une dégénérescence neurologique:
« Dans la maladie de Parkinson, les neurones d’un petit noyau cérébral – le locus niger, plus précisément la pars compacta de ce petit noyau – dysfonctionnent et meurent progressivement. À l’état normal, ces neurones fabriquent un neuromédiateur fondamental, la dopamine, qu’ils libèrent à une autre région cérébrale dénommée le striatum. » (Lionel Naccache, perdons-nous connaissance, p144)
Il
n’existe pas à l’heure actuelle de traitement curatif, mais des
médicaments permettent d’améliorer notablement les symptômes. Le
principal est le
lévodopa
(ou l-dopa),
un précurseur de la dopamine qui peut
être
transformé en dopamine dans le cerveau afin de réduire le déficit
causé par la maladie.
Compte
tenu de la cause et de la gravité de la maladie, difficile
d’imaginer
qu’un
placebo puisse agir. C’est pourtant ce que démontre cette
importante
étude: Expectation
and Dopamine Release: Mechanism of the Placebo Effect in Parkinson’s
Disease,
Raul de la Fuente-Fernandez, Thomas J. Ruth, Vesna Sossi, Michael
Schulzer, Donald B. Calne, A. Jon Stoessl (Science
10 august 2001, vol. 293, p1164-1166).
Les
expériences réalisées à cet effet montrent une efficacité
¨réelle¨
des
placebos sur la maladie de Parkinson. Par ¨réelle¨
il
faut entendre ici qu’il ne s’agit pas seulement d’une
appréciation subjective du patient quant au confort apporté par la
prise du médicament-placebo,
mais d’une mesure précise
(par
tomographie par émission de positrons) de la libération de dopamine
au niveau du striatum. Morceaux choisis de l’article en
question (traductions
de mon cru):
« Les
observations indiquent une libération
de dopamine endogène par effet placebo. L’estimation de la
quantité de dopamine libérée était plus grande chez les patients
qui percevaient les bénéfices du placebo que chez ceux qui ne les
percevaient pas. »
« L’ampleur
de la réponse au placebo était comparable à des doses
thérapeutiques de lévodopa ou d’apomorphine. »
Insistons sur l’importance de ces résultats. On aurait tendance à penser que la réponse d’un patient à un placebo serait purement subjective: il aurait simplement l’impression d’aller mieux tandis qu’au niveau physiologique rien ne changerait. C’est ce que dément cette étude. Elle prouve que le fait d’aller mieux est la conséquence de changements physiologiques, en l’occurrence la libération de dopamine endogène dans le striatum. Et ces changements physiologiques sont eux-mêmes induits par la croyance du patient en l’efficacité de ce qu’il pense être un ¨vrai¨ médicament censé lui rendre sa motricité, au moins en partie.
On
devine facilement en quoi cet exemple est plus éclairant pour le
sujet de cet essai que la plupart des actes accomplis banalement: il
est difficile de le réduire à un enchaînement mécanique de causes
et d’effets du genre
signal
de soif → besoin de boire → action de boire
avec
une conscience observatrice, simple épiphénomène.
Ce
qui se révèle ici est très différent:
projection
consciente d’un résultat → changements physiologiques ayant pour
conséquences ce résultat
Notons
bien ces points importants:
1. Le
malade n’a aucune connaissance de ce qui se passe dans son corps,
pas plus ce qui provoque sa maladie que ce qui pourrait causer
son amélioration.
2. Il
ne doit pas savoir qu’il prend un placebo, mais
croire au contraire qu’il s’agit d’un médicament à
l’efficacité prouvée.
3. Si
plein de choses lui échappent effectivement, il doit en revanche
être pleinement conscient de l’effet attendu, car
comme
le
dit
Naccache: « Pas d’effet placebo dans le coma. » (p147)
C’est
finalement assez paradoxal: la conscience du résultat se combine
avec l’ignorance et la tromperie pour faire advenir ce qui est
attendu! Notons au passage l’immaturité de l’espèce humaine qui
n’arrive pas à jouer avec la seule croyance en la guérison et a
besoin de prendre appui sur un objet fictionnel, le
vrai-faux-médicament. Corinne quant à elle, en artiste, préfère
retenir le côté rigolo et créatif de s’inventer toutes ces
histoires. Chacun joue le jeu à sa manière...
Quoiqu’il
en soit, reste à trouver un processus permettant de passer de la
création dans la conscience d’une nouvelle image corporelle à son
actualisation effective dans le corps physique.
Récapitulons:
|
temps 0 |
temps t |
conscience |
intention de mobilité |
mobilité retrouvée |
cerveau |
pas de dopamine |
dopamine dans le striatum |
Autrement
dit: l’image consciente d’un corps futur à la mobilité en
partie retrouvée, associée à la foi en l’efficacité d’un
médicament factice, créent dans le cerveau les conditions de
libération de dopamine endogène. Cela ressemble à un renversement
du sens de la causalité. Car habituellement les transformations
physiques se conçoivent de la façon suivante:
– partant
d’un état physique pris conventionnellement comme état initial
conditionné par des causes antérieures (dans mon exemple la
destruction de neurones dans une partie du cerveau qui empêche la
libération de dopamine, destruction elle-même due à … etc.),
– les
causes et les effets s’enchaînent mécaniquement,
– pour
aboutir à un état physique final (une maladie neurodégénérative
irréversible qui réduit la mobilité).
Or ce qui est observé avec l’effet placebo, c’est que l’état initial n’est plus conditionné seulement par un état physique antérieur mais aussi par l’image psychique d’un état corporel futur désiré. Précision importante: cette image future concerne le corps tel que vécu par le malade (sensations proprioceptives, mobilité, etc.) et pas le fonctionnement du cerveau, dont nul n’a jamais conscience; mais, paradoxe, les changements physiques impulsés par cette image ont quant à eux bien lieu dans le cerveau, d’où découlent les transformations corporelles.
Reformulons
une dernière fois ce processus observé à travers le filtre de notre
conception habituelle du temps:
1. l’état
futur du corps imaginé consciemment maintenant engendre dans le
cerveau futur la production de dopamine endogène;
2. cet
état futur du cerveau serait comme une cause finale qui, remontant
le temps, modifierait l’état actuel du cerveau;
3. dans
le sens ¨normal¨ de l’écoulement du temps, partant de ce nouvel
état initial du cerveau, causes et effets physiques s’enchaîneraient
de nouveau normalement pour aboutir inexorablement à l’actualisation
de cet état du corps imaginé.
Notons la contradiction avec les mécanismes physiques habituels où le temps n’a qu’un sens, du passé au futur, et où par conséquent les causes finales n’ont pas leur place. C’est pourquoi, vue de l’extérieur, la survenue de cette nouvelle mobilité surprend. Elle a tout l’air d’un ¨coup de chance¨. Si l’on écarte le miracle divin, la seule explication raisonnable est le ¨hasard¨, qui aurait favorisé la combinaison heureuse de conditions physiques improbables. Cela n’explique rien évidemment, d’autant que de ¨hasard¨ il ne saurait être question ici puisqu’il y a une cause immatérielle clairement identifiée, de surcroît dans le cadre d’une expérimentation rigoureuse et reproductible: l’imagination.
Comment
comprendre ce processus qui donne l’impression d’un va-et-vient
dans le temps:
image
consciente d’une situation à venir → état physique modifié →
futur actualisé
En
rappelant que le sujet n’a aucune connaissance de ce qui doit être
changé physiquement pour faire advenir ce résultat (au contraire
d’une transformation corporelle par une pratique sportive par
exemple). Pour revenir à Parkinson, il vise la mobilité, sans se
préoccuper de dopamine ou de striatum dont il ignore d’ailleurs
tout, mais avec tout de même la conviction qu’une certaine
substance va avoir un effet thérapeutique bénéfique.
Dans
le cadre de la physique classique, qu’elle soit newtonienne ou
einsteinienne, est inconcevable un tel processus par lequel
l’imagination produit un changement physique qui aboutit à faire
advenir ce qui est imaginé. Seule la théorie quantique fournit un
cadre de pensée dans lequel non seulement cela paraît possible,
mais où en plus c’est validé expérimentalement: il s’agit des
expériences dites à choix retardé. Je les détaille dans mon livre physique quantique. Pour rester au plus près du sujet
actuel je ne reprendrai pas tout ça ici et me contenterai d’en
résumer le principe et les résultats.
L’expérience repose sur une propriété
quantique, la dualité onde-corpuscule. Cela signifie que selon la
manière d’observer des objets quantiques, disons des photons, ils
vont se manifester soit comme des particules en s’agglutinant sur
le détecteur en taches quasi ponctuelles, soit comme des ondes qui
interfèrent et forment des figures d’interférences.
Le principe d’une expérience à choix retardé
consiste à se demander ce qui se passerait si le choix entre la
première manière de les observer et la seconde était effectué
après qu’ils sont tombés sur le détecteur où ils
s’annihilent. Aussi incongrue que paraisse la question, la théorie
quantique, jamais à court de surprises, sait y répondre: la
position d’impact
d’un photon
est
déterminée par des lois de probabilités différentes selon que
l’on préserve
ou que l’on détruit
une certaine information après
qu’il a disparu sur le détecteur.
Autrement dit en
langage courant: voici des photons qui ne se décident
entre « je passe à droite » ou « je passe à
gauche », et « je ne sais pas par où je passe »,
qu’après avoir fini leur vie sur un détecteur!
La
réalisation de telles expériences est franchement compliquée et je
renvoie les lecteurs intéressés à mon livre physique
quantique où j’en détaille deux. Les résultats sont sans
ambiguïtés et confirment les prédictions de la théorie quantique:
– si l’information sur le chemin suivi
par les photons est effacée après qu’ils ont été
observés, et par conséquent détruits dans l’opération, on voit
se former des figures d’interférences;
– si
l’information de trajectoire est préservée après qu’ils
ont été observés, on ne voit pas d’interférences.
Qu’est-ce
que cela implique dans le contexte de cet essai et dans un langage
plus parlant?
Voici
une première façon de voir, naïve dirai-je car s’appuyant sur
notre conception habituelle d’un temps divisé entre passé,
présent, et futur: l’état présent d’un système matériel peut
être changé par une décision future concernant la préservation ou
la destruction d’une information sur ledit système. Ou, en
déplaçant la perspective temporelle, l’on pourrait dire aussi
qu’une décision prise maintenant affecte l’état passé de ce
système matériel.
Cette
explication par la rétrocausalité (pour faire court, c’est-à-dire
un état futur qui agirait sur le présent) n’a pas ma préférence
car d’une part elle génère des paradoxes, et d’autre part elle
s’appuie sur l’idée erronée d’une réalité du temps. Pour
diverses raisons que je développe dans la temporalité et
l’atemporalité, le temps doit être considéré comme une
construction de l’esprit, une manière de regarder le monde, au
même titre que, disons, les couleurs extraites des photons qui
frappent la rétine. Du coup l’atemporalité devient plus
fondamentale que la temporalité. Cela signifie que, pour un photon
dans une expérience à choix retardé, il n’y a pas réellement
d’aller-retour dans le temps; plus simplement, toute son existence,
de sa création à son annihilation, est condensée en un seul
événement atemporel. Et pour terminer en revenant à l’exemple du
placebo, cette conception fait sortir de ce schéma linéaire
paradoxal
image
consciente d’une situation à venir → état physique modifié →
futur actualisé
pour
ne plus avoir qu’une situation globale dont tous les éléments
changent de concert, les pensées, les croyances, les perceptions, le
cerveau, le corps. Le découpage passé → présent → futur ne
réapparaît que comme une apparence construite par les règles du
jeu particulières de notre incarnation dans ce monde physique.
Quelques
points à préciser:
Notons
que ce qui rend possible cette projection d’un contenu de
conscience dans la matière, c’est que cette dernière est en son
fond complètement immatérielle. Il n’y a pas de réelle
différence de nature. Pour le dire simplement, la matière, ainsi
que son cadre spatio-temporel, sont de la même substance que nos
rêves. La matérialité que l’on expérimente n’est rien d’autre
que représentation construite par cocréation entre d’innombrables
d’entités. Des précisions dans mes livres physique
quantique et kosmogonie.
Enfin,
je ne prétends pas que la physique quantique explique l’effet
placebo dans la maladie de Parkinson. Ces résultats d’expériences
à choix retardé ont pour principal mérite de démontrer que ce que
l’on pouvait croire physiquement impossible est en fait possible.
Ce n’est pas anodin quand on considère l’importance de la
croyance, comme dans l’effet placebo où un faux médicament est
investi de toutes les vertus d’un vrai. Donc le fait de penser
possible l’action de causes finales, pour le dire prosaïquement,
ne peut qu’aider à leur manifestation. En outre, une fois cette
porte ouverte, il n’est plus exclu de découvrir d’autres
processus participant aux jeux entre imagination et actualisation.
Le processus qui vient d’être mis au jour par lequel des intentions se projettent directement dans la matière peut-il servir de paradigme pour rendre compte d’autres manifestations physiques? Je le crois et c’est l’objet de cette deuxième partie d’explorer cette généralisation. Quelques exemples tout d’abord vont montrer le processus à l’œuvre dans diverses manifestations, puis suivront quelques considérations plus générales.
Commençons
par un exemple proche de celui de la première partie car en quelque
sorte il le généralise: les guérisons spontanées, qui peuvent
être considérées comme des effets placebos de grande ampleur. J’ai
connu quelques cas spectaculaires, dont celui-ci qui a touché le
père de mon amie Martine Castello.
À 68 ans, il se plaint de douleurs au ventre.
Quelques examens, et le voilà sur la table d’opérations. On lui
dit que ce n’est pas grave, juste quelques polypes qui ont été
enlevés. Mais la famille est convoquée pour lui annoncer qu'en fait
les chirurgiens n’ont touché à rien parce qu’ils ont découvert
un cancer généralisé du colon inopérable. Vincent, croyant pour
sa part l'affaire réglée au vu de la cicatrice, rentre chez lui
l’esprit tranquille. Trois mois plus tard, il passe une coloscopie
de suivi: plus de cancer! Complètement guéri, spontanément, sans
opération, sans médication, sans génuflexions, sans rites, sans
prières, sans méditation, sans visualisation ni autres grigris.
Étant précisé que le diagnostic n’a jamais été mis en doute.
Des années après, il m’est arrivé de le conduire à l’hôpital
pour des examens de contrôle qui se sont toujours révélés
négatifs. Il est mort presque centenaire et pas du cancer.
Notons que si nous avons un tel pouvoir sur notre
corps, nous devons aussi avoir celui de lui causer des maladies.
Peut-être pas toutes, mais un grand nombre très certainement...
Je désigne ici par ce terme une vaste catégorie de phénomènes consistant en projections de pensées directement dans des objets extérieurs. Fréquentes et faciles à voir, les pannes en tous genres qui affectent des objets proches sur lesquels nous projetons peurs, colères et autres angoisses: voitures (de préférence le jour d’un rendez-vous important), ordinateurs, montres, chaudières (comme par hasard la veille de Noël quand la famille est attendue), etc. Je ne m’étendrai pas tant c’est courant. Je préfère m’attarder sur des cas plus rares qu’il est plus difficile d’attribuer au hasard ou à des gestes inconscients qui auraient provoqué ces dysfonctionnements à notre insu. Je pense en particulier à des coups particulièrement chanceux en sport. Un exemple personnel.
J’ai fait beaucoup de tennis et de tir à l’arc
(voir mon article l’archerie traditionnelle
asiatique). Je ne me suis
jamais considéré comme très bon dans ces sports mais il m’est
arrivé de réussir des coups exceptionnels, inexplicables en termes
de calculs de trajectoire et de maîtrise du geste. À
l’époque je les attribuais à la chance, mais je crois avoir
maintenant une autre explication qui convient mieux, au
moins pour certains d’entre eux.
Je me
souviens en particulier d’une séance de tir à l’arc qui avait
pour but des tester des flèches de différentes forces. Plus
précisément on parle de spine
en archerie, qui est une mesure de la rigidité/flexibilité de la
flèche, ce
qui a une influence notable sur son comportement. Me voici donc
planté à 120 mètres de la cible avec trois flèches différentes
prêtes à être encochées
à la
corde de mon arc simple
dépourvu de repose-flèche (c’est le pouce qui sert de support) et
de dispositif de visée. Pas
idéal donc pour du tir de précision. Pour
compliquer encore les choses, il
y a du vent ce jour-là. Que
croyez-vous qu’il arrivât? Eh bien les trois flèches se sont
plantées côte à côte dans un cercle d’à peine la taille d’un
CD. Impossible de réussir trois coups pareils en
cherchant à estimer
la meilleure trajectoire possible puisque d’une part je ne
connaissais pas le comportement de ces flèches vu qu’il s’agissait
justement de les tester,
et d’autre part le vent était imprévisible sur un tel parcours de
120 mètres durant plusieurs secondes.
À
noter
que cela s’accompagnait d’un état intérieur assez inhabituel.
Étant
donné que tout calcul de trajectoire était impossible, je me suis
contenté de décocher les coups sans me préoccuper de précision ni
de perfection du
geste. Et le plus bizarre était l’impression
que, pendant
leur
vol, les
flèches semblaient
irrésistiblement attirées par leur point d’arrivée, quoiqu’il
se passe au départ et
en cours de route.
Il
va de soi que le ¨hasard¨,
ici
particulièrement
heureux,
fournit
l’explication la plus commode.
Sauf
que la coïncidence est significative entre mon état intérieur et
le résultat. Cette
coïncidence est
pour
moi
du même ordre que celle
que
l’on
a vue
dans la première partie au
point d’avoir valeur de cause:
une image d’une situation future (un corps mobile dans le
cas de
Parkinson,
des flèches dans une cible ici)
crée les conditions de sa manifestation, sans aucun souci des moyens
ni d’ailleurs de
connaissance
des
processus physiques à l’œuvre.
Encore plus spectaculaires mais heureusement plus
rares, les poltergeists. Ces manifestations sont attestées depuis
des siècles et la littérature les concernant abonde. Je n’y ai
pas assisté personnellement aussi me contenterai-je de citer cet
exemple court mais particulièrement explicite:
« Un soir, j’étais assis dans la salle à manger lorsqu’une assiette vola du comptoir de la cuisine et manqua mon crâne de quelques millimètres. Je posai immédiatement le regard sur ma fille en pensant qu’elle me l’avait jetée dans un accès de rage, mais elle se trouvait à l’autre bout de la table, et qui plus est, dans un angle qui ne lui permettait pas de me viser. Nous nous levâmes pour aller regarder dans la cuisine où nous découvrîmes d’autres assiettes cassées. Quelques unes avaient été mises en pièces dans le placard même. Nous pensâmes que des fantômes avaient investi la maison. Et puis ma fille me dit quelque chose qui détendit l’atmosphère et qui permit de résoudre le mystère: ¨Je n’ai pas lancé cette assiette, papa, mais tu m’as rendue tellement folle que j’ai vraiment voulu te la jeter.¨ Après cela les choses s’améliorèrent pour elle et il n’y eut plus jamais d’autres assiettes volantes. » (Dr Melvin Morse, la divine connexion, le jardin des livres 2002, p. 126-127).
Une remarque en passant à propos des expériences de parapsychologie. Il est avéré que pour une même tâche à effectuer (comme deviner le résultat d’un lancer de dé) les sujets ne font aucune différence selon que l’expérience met en jeu la psychokinèse, la clairvoyance ou la précognition (expériences de Schmidt, the strange properties of psychokinesis, Journal of Scientific Exploration, Vol. 1 No. 2, 1987). Ils sont indifférents au contexte expérimental, et qu’ils en soient informés ou non n’y change rien non plus. On retrouve encore une fois le fait que l’intention est agissante par le but qu’elle vise sans considération des moyens pour l’atteindre.
Dans les premières pages de kosmogonie je développe plusieurs exemples spectaculaires d’évolutions et de coévolutions. Résumé:
– Lorsque la chenille d’Hemeroplanes triptolemus se sent menacée, elle transforme son corps pour le faire ressembler à celui d’un serpent, et elle adopte même des attitudes dignes d’un serpent avec balancements de tête et simulation d’attaques.
– Le papillon Siamusotima aranea a une araignée dessinée sur ses ailes déployées, sans doute pour effrayer d’éventuels prédateurs.
– Les oisillons de l’aulia cendré (Laniocera hypopyrra), un passereau de la forêt amazonienne, imitent une chenille de la famille des Megalopygidae, une bien grosse (une douzaine de centimètres), pas ragoutante du tout avec ses longs poils orange vif, et même carrément toxique.
– L’orchidée-marteau recourt aux services de la guêpe thynnidée pour se faire féconder. Le cycle de vie de la guêpe est tellement bizarre que l’orchidée a inventé un dispositif encore plus bizarre pour contraindre un mâle à s’accoupler avec elle. Elle a conçu un leurre de la guêpe femelle imitant jusqu’à l’odeur qu’elle sécrète pour attirer le mâle, et l’a disposé au bout d’un bras articulé. Voici donc un mâle qui pique sur ce leurre; croyant tenir une femelle, il bat des ailes pour redécoller avec elle; à cause du bras articulé, il se met à décrire un arc de cercle et vient cogner une sorte d’enclume qui contient des sacs de pollen et un stigmate. Et voilà, mission accomplie, l’orchidée est parvenue à se faire féconder!
– La liane Boquila trifoliata a la capacité unique de modifier ses feuilles pour les rendre semblables à celles de l’arbre auquel elle s’accroche. Elle est ainsi capable d’imiter une douzaine d’arbres différents. Encore plus remarquable, un même individu qui pousse sur plusieurs arbres d’espèces différentes va modifier localement ses feuilles pour les adapter à chaque hôte.
Il ressort de ces exemples et de beaucoup
d’autres:
– que certaines formes de certains
organismes vivants ne sont pas de simples bouts d’espace remplis de
matières organiques façonnés par des forces physico-chimiques
aveugles ;
– qu’elles doivent avoir un sens pour les
entités qui les perçoivent ;
– qu’elles manifestent une intention de
la part des entités qui les conçoivent,
– lesdites
entités ayant un savoir-faire pour que la matière se conforme à
leurs intentions.
Voilà
qui ressemble au processus étudié plus haut: une intention qui se
projette dans la matière sans que la complexité des moyens requis
pour la façonner ne fasse obstacle à l’atteinte du but.
Ces
transformations corporelles provoquées par l’intention amènent à
cette question: comment une conscience se lie-t-elle à un corps
physique? Question fort disputée qui devient encore plus trouble
lorsque la matière apparaît elle-même dématérialisée. Pour
débroussailler le terrain, je vais dans un premier temps prendre les
choses par le bout habituel c’est-à-dire considérer le corps dans
sa matérialité. Du point de vue métaphysique, cela ne tient pas,
mais du point de vue phénoménologique, cela a un sens si l’on
considère le corps tel qu’on en fait l’expérience. Et là pas
de doute: on vit bien dans un corps étendu et dense qui se meut dans
un espace-temps rempli d’autres objets denses.
À
partir de là, remarquons:
1. que
tout ce que nous savons du monde physique est médié par le corps;
2. que
tout ce que nous savons du corps lui-même est médié par le
cerveau;
3. que
nous ne prenons conscience que d’une infime partie des processus
qui se déroulent dans le cerveau;
4. que
tous les actes que nous accomplissons intentionnellement sont médiés
par le cerveau,
5. avec
là encore une grande partie des processus qui restent inaccessibles
à la conscience de veille.
Que
des processus cérébraux échappent à la conscience directe du
sujet n’implique pas qu’ils ne soient pas accessibles par
d’autres voies. De fait, les sciences cognitives et les
neurosciences ont fait d’énormes progrès ces dernières décennies
pour dévoiler ce qui est appelé désormais inconscient cognitif.
J’emprunte à Lionel Naccache cette synthèse inspirée de son
livre le nouvel inconscient (première partie, chapitre 6
portrait de l’inconscient cognitif contemporain, et deuxième
partie chapitre 1 le propre de la conscience, avec entre
parenthèses mes remarques ajoutées):
1. les représentations inconscientes sont
susceptibles de correspondre à n’importe quel contenu mental dont
nous faisons également l’expérience consciemment: images, sons,
mots, nombres, émotions, etc.;
2. tous les recoins de notre cerveau sont
capables de produire diverses formes d’activités mentales
inconscientes;
3. il y a de riches échanges entre processus
conscients et processus inconscients: dans le sens montant, certaines
informations inconscientes peuvent devenir conscientes (voir
ci-après); dans le sens descendant, la conscience oriente les
processus perceptifs inconscients (par exemple l’effet cocktail,
c’est-à-dire la capacité à moduler les perceptions sonores pour
suivre une conversation particulière dans un milieu bruyant);
4. une
représentation mentale inconsciente, aussi riche soit-elle, est
nécessairement évanescente, elle ne peut se maintenir activement de
façon durable (de
l’ordre de la demi-seconde);
5. une
représentation mentale inconsciente ne peut induire chez un sujet un
changement de stratégie original ou une modification de son contrôle
et de son inhibition cognitive;
6. une
représentation mentale inconsciente est incapable de donner
naissance à un comportement intentionnel ou volontaire.
Ces trois derniers points à la fois marquent les
limites de l’inconscient et caractérisent la conscience.
À
partir de là, comment une information devient-elle
consciente? Naccache décrit ainsi le processus (chapitre
3 taxonomie des
inconscients):
1. elle doit être explicitement représentée
sous la forme d’un codage nerveux actif dans une assemblée de
neurones;
2. elle doit être codée par un processeur
nerveux anatomiquement connecté aux neurones qui composent l’espace
de travail global (a contrario ce n’est pas le cas du taux
d’oxygène dans le sang dont on ne se rend compte qu’indirectement
en constatant les modifications du rythme respiratoire);
3. elle doit être codée au-delà d’un
niveau minimal d’intensité et au-delà d’une durée minimale,
ces deux seuils (intensité et durée) doivent être atteints afin
d’autoriser le mécanisme d’amplification attentionnelle
descendante;
4. elle
doit être codée alors que le réseau de l’espace de travail
global conscient est disponible pour amplifier cette information,
c’est-à-dire que le réseau global ne doit pas être occupé à ce
moment-là par une autre tâche qui accaparerait ses ressources.
Tout
ça est bien compliqué, d’autant que nous n’en aurions aucune
connaissance si les neurosciences n’avaient pas levé le voile, à
quoi s’ajoute le fait qu’avoir cette connaissance sur le plan
intellectuel ne peut rien changer à ce fonctionnement. Dans cette
perspective, la question du lien entre esprit et cerveau apparaît à
la limite de l’aporie. Certes, l’on pourra affiner toujours plus
les corrélats cérébraux de l’expérience consciente, cela ne
dira jamais rien de la création ni des qualia (un quale, pluriel des
qualia, désigne le contenu d’une perception consciente
telle qu’elle est vécue, comme l’expérience subjective du
rouge) .
Dans ces échanges entre conscient et inconscient,
un point me semble important à relever: la capacité de la
conscience à influencer certains processus inconscients. Ce qui est
très remarquable, c’est que le résultat voulu est obtenu sans
qu’elle ait connaissance desdits processus. Voilà qui donne
l’impression de tourner en rond puisqu’on se retrouve au même
point qu’avec l’effet placebo d’où l’on est parti! Pas tout
à fait, heureusement: ce qui pouvait apparaître comme une exception
inexplicable est devenu chemin faisant un processus général de
notre fonctionnement d’êtres incarnés. Mais si nous voulons
encore avancer, il va falloir trouver une approche plus radicale.
Renversons
la
perspective
et
demandons-nous
ce qui se passe lorsqu’un esprit s’incarne dans un corps. Je vais
m’efforcer d’être le plus pragmatique possible et éviter
toute
querelle théologique. Mais
tout
d’abord la question a-t-elle un sens? Oui si l’on prend en
considération les innombrables travaux sur les
passages
vie-mort et mort-renaissance, notamment:
1. Marques
et défauts corporels de naissance qui correspondent à ceux d’une
personne décédée et qui corroborent des souvenirs de la vie de ladite personne: cf. Ian Stevenson, Birthmarks and Birth Defects
Corresponding to Wounds on Deceased Persons (Journal of
Scientific Exploration, Vol 7, No.4, pp403-410, 1993).
2. Souvenirs
d’autres vies corroborés par des enquêtes minutieuses sur la vie
de la personne décédée: Ian Stevenson, twenty cases suggestive
of reincarnation (university press of Virginia, 1974); Stéphane
Allix, lorsque j’étais quelqu’un d’autre (Mama
éditions, 2017).
Remarques:
– Sont
bien établis les faits qui relient des vies passées à des vies
actuelles sans héritage génétique, ni transmission culturelle, ni
captage d’informations par télépathie. Quant aux interprétations,
elles divergent fortement selon les systèmes de croyances: une
entité permanente, disons une âme, prendrait corps à de multiples
reprises; ou seules des informations passeraient d’un corps à un
autre (mémoires, traits de personnalité, etc.); ou encore, comme
dans le bouddhisme, rien ne se transmettrait, il y aurait seulement
continuation de processus produisant ces fictions existentielles, par
exemple la persistance de désirs auraient des effets qui
deviendraient causes de nouveaux effets, et ainsi de suite.
– Je
ne retiens pas les témoignages obtenus par régression hypnotique,
car même s’ils ont une indéniable portée thérapeutique, ils ne
sont pratiquement jamais corroborés par des preuves objectives, sans
compter les biais en tous genres (thérapeute trop directif, patient
qui cherche à se conformer à ses attentes, fantaisies, etc.).
3. Savoirs
multiséculaires de thanatologie comme chez les moines tibétains,
avec notamment l’existence avérée des tulkous: il s’agit
de grands lamas qui, avant de mourir, laissent des indications sur
leur prochaine naissance; lorsqu’un enfant qui correspond est
repéré, il passe des tests de reconnaissance de personnes et
d'objets qu'il a rencontrés dans sa vie précédente.
4. Témoignages
innombrables d’expériences de mort imminente (EMI).
J’ai
largement parcouru toute cette littérature, j’ai connu plusieurs
personnes ayant fait des EMI, j’ai aussi des impressions très
fortes d’autres
vies même
si elles
ne sont hélas pas corroborées par des preuves objectives. Tout
ceci me suffit
pour conclure
que
même
s’il y a peut-être
au
milieu de tout ça des cas de fraudes et d’affabulation, beaucoup
me semblent crédibles.
Pour
en revenir maintenant à ma question, j’observe que les
témoignages d’EMI décrivent tous avec force détails ce qui se
passe au moment de la mort du corps physique mais qu’ils sont en
revanche très pauvres en ce qui concerne la réincorporation. Elle a
lieu forcément puisque, même si ces personnes sont un moment
déclarées cliniquement mortes, elles reviennent toujours à la vie.
Raymond Moody dans son grand classique la vie après la vie
(Robert Laffont, 1977) le reconnaît:
« Très peu nombreux sont ceux qui se souviennent de leur réincorporation. La plupart racontent qu’à la fin de leur aventure ils se sont endormis, pour se réveiller ensuite dans leur corps physique. » (chapitre 11 le retour)
Sinon, quand la lucidité persiste, voici comment cela se passe en général:
« Tout était merveilleux de l’autre côté, et en somme je n’aurais pas demandé mieux que d’y rester. Mais l’idée que j’avais quelque chose de bien à accomplir sur terre était aussi une pensée exaltante. Alors je me suis dit : ¨Oui, il faut que je reparte et que je revive¨, et je suis rentrée dans mon corps. J’ai même l’impression d’avoir moi-même arrêté l’hémorragie. Quoi qu’il en soit, c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à aller mieux. »
Encore plus rarement, les témoignages comportent quelques détails, comme le fait de rentrer dans le corps par le sommet du crâne, ou la sensation de s’y sentir à l’étroit. Reste que la question de savoir comment faire pour retourner dans son corps n’a jamais l’air de se poser: cela se fait tout seul à partir du moment où la décision est prise, avec plus ou moins de lucidité durant le processus, plutôt moins que plus d’ailleurs.
Finalement,
c’est cette occultation du ¨comment¨ qui me paraît la plus
significative. Au fond, pour qu’un esprit prenne corps, il semble
qu’il n’ait rien d’autre à faire qu’à en projeter
l’intention. C’est tout. C’est juste un savoir-faire que l’on
possède on ne sait plus d’où. Par un nouveau retournement
inattendu, cette simplicité, qui s’oppose à la complexité des
processus cérébraux, corrobore l’idée de l’immatérialité de
notre corps: c’est possible parce que justement tout n’est que
jeu de pensées créatrices. Cela ne rend pas vaines les recherches
sur le cerveau, cela permet juste de cerner leur utilité et leurs
limites. De même que le fait de choisir de jouer du piano contraint
les possibilités musicales de par la conception même de
l’instrument (tempérament égal, pas de microtons, pas de
glissandos...), le corps et le cerveau humains contraignent
perceptions et actions.
Remarquons
que cette relation qui s’établit entre un esprit et un corps est
exclusive. J’ai beau lancer l’intention que le bras de Corinne se
lève aussi clairement que celle qui aboutit à ce que mon propre
bras se lève, le sien continue sa calligraphie, imperturbable. Et
puis une personne diagnostiquée morte qui fait une EMI revient
systématiquement dans son corps et pas dans un autre.
Quoiqu’il faille peut-être nuancer si l’on considère:
- les
cas dits justement de ¨possession¨ où l’on prétend qu’un
esprit qui n’accepterait pas la mort de son corps physique
tenterait de s’en approprier un autre déjà ¨occupé¨;
- des
expériences d’incorporations de corps humains ou animaux, que ce
soit spontanément ou dans des contextes de transes chamaniques.
J’ai
vécu cela dans un corps de serpent et dans un corps de tigre.
C’était extraordinaire, mais hélas trop bref et sans aucune
maîtrise (dans un cas c’était sous LSD, dans l’autre au cours
d’un rêve) pour en tirer quelque chose d’utile ici. J’ai aussi
connu l’inverse, par deux fois et spontanément: comme une descente
dans mon corps d’une grande entité d’au-delà du plan terrestre,
liée à moi d’une façon inexplicable, d’une intelligence et
d’un amour indescriptibles. Là encore, aucune maîtrise, ça m’est
tombé ¨dedans¨ au sortir de séances de zazen, et pas d’autres
traces que ces souvenirs. J’ajouterai que les expériences
d’incorporation parmi les plus probantes dont j’ai connaissance
sont probablement celles de Nicolas Fraisse rapportées dans voyages
aux confins de la conscience par Sylvie Dethiollaz et
Claude-Charles Fourrier (Guy Trédaniel, 2016).
Notons
encore que la rareté de ces expériences suggère qu’il est
difficile de sortir volontairement de son corps une fois qu’on s’y
est installé. Il faut un talent rare (comme Nicolas Fraisse), ou des
psychotropes puissants (ayahuasca, LSD, etc.), ou des expériences
limites (grande frayeur). Selon moi, cette relation exclusive est en
quelque sorte une ¨sécurité¨ pour contraindre à jouer
sérieusement sa partie en tant qu’acteur ayant revêtu ce corps
comme un costume, en focalisant précisément la conscience sur cette
scène de théâtre qu’est le monde physique,.
Reste
tout de même une facilité offerte à tous de quitter temporairement
le corps, le sommeil, afin de se reconnecter à des dimensions plus
vastes de soi-même, en
l’occurrence l’auteur
et le metteur en scène de la pièce jouée
à l’état de veille. La principale fonction du sommeil serait donc
de rêver. Et puis quand
on
se réveille:
« Jadis, Tchouang Tcheou rêva qu’il était papillon, voletant heureux de son sort, et ignorant qu’il était Tcheou. Soudain il s’éveilla, indiscutablement Tcheou lui-même. Il ne sut plus si c’était Tcheou qui s’était rêvé papillon, ou un papillon qui rêvait être Tcheou. »
De
tout ceci je tire cette loi simple qui régit le fonctionnement de
notre univers et qui tient en deux petites formules:
1. l’intention
fait manifestation
2. intention = conscience + imagination + croyance
Rien
d’autre ne semble requis pour produire des manifestations, des plus
petites aux plus grandes, sans considération de temps. Concrètement,
cela se produit comme un jaillissement qui semble aller de soi.
L’intention est créatrice de manifestations par elle-même, sans
souci des moyens. Le seul moyen, c’est le contenu du second membre
de la seconde équation.
Et
si ¨ça marche¨, c’est parce que l’intention n’informe pas
une matière matérielle qui subirait des lois indépendantes de
celles de l’esprit. ¨Ça marche¨ parce que c’est un jeu
d’échanges de significations entre entités spirituelles. C’est
aussi de cette façon que certains comportements dans cet univers
physique en arrivent à prendre l’apparence de lois mathématiques
(relativité, physique quantique, thermodynamique...).
D’aucuns
s’étonneront de l’absence de la volonté dans les termes
de l’équation. C’est que je considère cette loi comme
universelle, tandis que la volonté est un facteur local,
c’est-à-dire propre à certaines incarnations dans cet univers
physique. La volonté est l’expression d’un ego qui force un
chemin dans l’espace-temps vers la réalisation de son but. Je
reviendrai plus loin sur quelques aspects de ces règles du jeu de
l’incarnation. En attendant, on voit bien en quoi la volonté
détourne le sens naturel de la manifestation: elle est recherche de
moyens d’une réalisation dans un contexte temporel, le contraire
du sens naturel où l’intention agit par sa seule finalité sans
souci des moyens.
Ceci
étant, on peut donner à la volonté un sens plus général. Elle
devient la capacité de la conscience à s’orienter dans
l’immensité créatrice des imaginations. Autrement dit, c’est
l’attention qui permet de suivre un chemin particulier dans ce
paysage. En insistant sur le fait que ledit paysage est intérieur et
non pas extérieur.
Autre
aspect important de cette loi, sa neutralité. De même que si vous
tombez, votre chute ne sera pas accélérée ou ralentie selon que
vous êtes gentil ou méchant, la loi ne fonctionnera pas mieux ou
moins bien selon que vous serez bienfaisant ou malfaisant.
Dans
ces conditions, que devient l’Amour, considéré par une vaste
littérature spirituelle comme le moteur principal de l’univers? À
regarder le monde, il n’apparaît pas du tout nécessaire à son
fonctionnement: il n’a rien à faire dans la transformation d’une
chenille en serpent, dans la mutation d’un virus, dans l’allumage
ou l’explosion d’une étoile, dans la création et la guérison
de la plupart des maladies (ce qui n’exclut pas qu’elle
intervienne dans quelques cas humains), encore moins dans l’attirance
d’un meurtrier pour ses victimes (cf. par exemple le tueur dit du
Zodiaque). L’amour
est un concept humain, rien de plus rien de moins. Comme tel il peut
orienter nos imaginations qui à leur tour façonnent nos intentions.
Alors en guise de conclusion à ce paragraphe cette formule tranchante:
« Toute spiritualité anthropocentrée est erronée. »
C’est
bien beau les grands principes, mais force est de reconnaître qu’en
pratique, on a plus souvent l’impression que cette magie n’opère
pas: on cherche l’âme-sœur et les relations de couple se défont
aussi vite qu’elles se sont faites; on voudrait la santé et l’on
subit des dysfonctionnements douloureux du corps; on voudrait ceci et
on obtient cela, et vice-versa.
Que
se passe-t-il? La magie serait-elle réservée à des saints ou à
une élite possédant un savoir occulte? Non bien sûr puisqu’elle
opère indifféremment. Quand on a l’impression que ¨ça n’a pas
marché¨, en fait ¨ça a marché¨ mais on s’est illusionné sur
ce qu’on a effectivement projeté. Le ¨ça ne marche pas¨ n’est
qu’un jugement porté a posteriori sur un événement dont on n’a
pas vraiment perçu les tenants et les aboutissants. Je dirai que
c’est comme un effet nocebo, l’inverse de l’effet placebo: on
s’attendait à être soulagé en absorbant le médicament, mais on
n’a récolté que des effets secondaires désagréables pour des
raisons plus ou moins obscures qui tiennent à nos croyances, par
exemple un manque de confiance dans le système médical ou l’idée
qu’on ne mérite pas de guérir. Comme nous l’avons vu dans la
première partie, le placebo ne produit des effets, bénéfiques ou
non, qu’à condition d’avoir bien conscience que c’est un vrai
médicament. Bref, il faut se leurrer. De même, lorsqu’on a
l’impression que les résultats de nos actions ne sont pas
conformes à ce qu’on avait imaginé, c’est que quelque part il y
a confusion.
Prenons
une situation simple et déclinons-la en variantes qui permettront de
comprendre comment nous réussissons à obtenir des résultats
différents de ceux attendus. Notez bien l’emploi du mot
¨réussissons¨ et non pas ¨échouons¨! Donc comparons:
1.
attraper une balle dans le cadre d’un jeu;
2.
attraper une balle envoyée par surprise;
3. attraper
une balle en même temps qu’un autre joueur;
4. faire
un bond de dix mètres pour l’attraper au plus haut de sa
trajectoire.
Examinons
ce qui différencie ces situations:
1. L’attention
est en principe bien focalisée. Avec un peu d’entraînement, si
l’on ne se crispe pas à cause de l’enjeu, si l’on évite de
penser à tout qu’on devrait faire bien et à tout ce qui pourrait
tourner mal, alors on devrait s’en saisir sans difficulté.
Pour
généraliser, c’est une situation où l’imagination et la
croyance sont si bien alignées que le résultat advient de lui-même,
aussi
facilement que prendre un verre pour étancher sa soif.
Cela
permet même de
guérir spontanément
de
maladies graves.
2. Avec
la surprise de voir soudain une balle foncer sur soi tandis qu’on
est occupé à autre chose, l’intention vacille. L’attention
n’est pas focalisée entièrement sur le fait d’attraper la
balle, alors selon les cas on s’en saisit ou pas.
Dans
le tourbillon de la vie, il n’est pas facile de se tenir sur une
seule ligne directrice. D’ailleurs ce n’est pas seulement qu’on
est tiraillé dans différentes directions par des circonstances
extérieures, c’est aussi la complexité du cerveau lui-même qui
produit des incohérences. Le cas des personnes au cerveau divisé
(split-brain en anglais) est à ce titre exemplaire.
La callosotomie est une opération
neurochirurgicale qui consiste à sectionner le corps calleux reliant
les deux hémisphères cérébraux. Pratiquée dans les cas
d’épilepsies sévères, l’opération vise à limiter la
propagation des crises à l’ensemble du cerveau. Elle peut avoir
d’autres conséquences surprenantes. Rhawn
Joseph a observé des comportements divisés chez de tels patients
(Dual mental
functioning in a split‐brain patient,
journal of clinical psychology, Vol. 44, Issue 5, September 1988, p.
770-779). Ainsi l’hémisphère droit pouvait diriger l’action
de la jambe gauche pour marcher dans une direction précise, tandis
que la jambe droite contrôlée par l’hémisphère gauche refusait
de bouger ou partait dans une autre direction.
Cas
extrêmes
bien sûr, mais il n’est pas exclu que des cerveaux normaux ne
soient pas pareillement
empêtrés dans des incohérences. Sur
quoi
viennent se greffer d’autres incohérences d’un plus haut niveau
de
signification.
On prête l’oreille à l’un qui dit ¨va
à droite¨,
à
l’autre
qui dit ¨va
à gauche¨,
et
l’on s’étonne
de constater être allé tout droit.
Dit
autrement, on a en permanence une multitude de désirs qui se
superposent et évoluent un peu à l’analogue du principe de
superposition en théorie quantique. Ce
sont autant de futurs potentiels, chacun affecté d’une probabilité
qui change au gré de nos mouvements intérieurs. L’intéressant
dans cette analogie est aussi que ce n’est pas toujours l’événement
affecté a priori de la plus forte probabilité qui va finir par
s’actualiser. Comme
dans l’effet tunnel quantique,
même
un événement de très faible probabilité peut survenir. Il suffit
peut-être
que
pendant un instant la croyance en lui devienne certitude. Et
c’est
comme ça
que,
¨abracadabra¨,
un
cancer disparaît!
3.
Dans la situation où l’on cherche à attraper une balle en même
temps qu’un autre joueur, des intentions différentes se
rencontrent, se confrontent. On comprend facilement que, parce qu’il
n’y a qu’une balle, tous ceux qui la veulent ne pourront l’avoir.
On le voit bien dans les jeux de hasard: tout le monde joue pour
gagner, mais au final, il n’y qu’un seul gagnant, le casino.
Pour
revenir à l’analogie quantique, l’on pourrait dire que les
joueurs dans cet univers physique sont comme des fermions, un seul
pouvant occuper un certain état. Dans des univers immatériels,
d’autres possibilités existent qui s’apparentent aux
comportements des bosons: cf. la revue de vie dans les EMI.
« L’être de lumière savait tout de moi. Il savait tout ce que j’avais jamais pensé ou fait, et il me montra toute mon existence en un flash. J’ai vu tous les détails de ma vie, ceux que j’avais déjà vécus, et ceux à venir si je retournais sur Terre. Tout était là en même temps, tous les détails des relations de cause à effet dans ma vie, tous les effets que ma vie sur Terre avait eu sur les autres, et tous les effets que la vie des autres avec qui j’avais interagi avaient eu sur moi. » (Jeffrey Long et Paul Perry, Evidence of the Afterlife: The Science of Near-Death Experiences, HarperCollins, 2010, chap. 7, traduction personnelle)
Pour revenir sur Terre, si nos intentions vont à l’encontre des croyances collectives, on ne doit pas s’étonner que leur actualisation rencontre des difficultés.
4. La dernière situation où l’on veut
sauter à dix mètres de hauteur pour attraper la balle est jugée
tellement impossible qu’elle n’a pratiquement aucune chance de se
réaliser. Ce n’est pas que la matière immatérielle serait
soudain redevenue dense pour de vrai et que la magie aurait cessé
d’opérer. C’est que l’on a affaire à des croyances très
profondes concernant les règles du jeu de l’incarnation dans ce
monde physique. Il est possible de les contourner mais c’est rare
et encore plus rare de façon maîtrisée: cf. le vaste catalogue de
bizarreries physiques qui accompagnent le mysticisme (Joachim
Bouflet, encyclopédie des phénomènes extraordinaires de la vie
mystique, le jardin des livres
2002; Aimé Michel, métanoia phénomènes physiques du
mysticisme, Albin Michel 1986)
ainsi que certaines prouesses de yogis.
En fait ce genre de contournement, qu’il soit
involontaire ou obtenu au prix d’une longue ascèse, ne sert pas à
grand chose, sinon à révéler les croyances en question. Parce que
le jeu de l’incarnation suppose une acceptation des règles, sinon
autant aller jouer ailleurs. J’y reviens dans un instant.
Auparavant et pour clore ce paragraphe, je
voudrais insister sur le fait que ces règles sont très profondément
en nous et quasi inaccessibles, encore mieux dissimulées que tous
ces processus cérébraux compliqués et bien cachés que nous avons
survolés et qui constituent notre inconscient cognitif. Elles
construisent les croyances sur le temps, l’espace, la matière, la
relation exclusive avec un corps... Et elles sont si bien occultées
que l’on en vient à ne plus percevoir la magie, à ne plus même
être capable de la concevoir dans des cadres de pensées étriqués tels que le
matérialisme. Mais perçu ou pas, le miracle est bien là dans le
plus banal: sans m’en rendre compte et sans me poser de questions,
je bondis avec mon corps insubstantiel d’un sol insubstantiel pour
attraper une balle insubstantielle; et j’accomplis le miracle non
moins grand d’avoir mal pour de vrai à mon pied insubstanciel en
retombant trop lourdement sur le sol insubstanciel. Ce n’est pas un
jeu vidéo, c’est la réalité vécue.
La
conscience est créatrice. Le jeu de l’incarnation que joue
l’espèce humaine avec d’autres n’est qu’une partie du jeu
plus vaste de la création (voir mon livre éponyme le Jeu de
la Création). Ce jeu de l’incarnation se caractérise par tout
un tas de règles cocréées qui contraignent les manifestations (même si la part de nous incarnée est
censée l’avoir oublié pour mieux s'impliquer dans la partie). Un
exemple sera plus parlant.
Supposons
que la pensée me vienne de me casser le bras pour échapper à un
examen (et qui m’est effectivement venue juste avant la première
épreuve du concours de l’école polytechnique tant l’enjeu était
important pour moi parce que c’était la seule école que je
voulais et donc le seul concours d’ingénieur que j’avais décidé
de passer). Je ne connais pas de cas où une telle pensée ait suffi
à provoquer une fracture. Même si l’intention est forte, le monde
semble opposer une résistance. Ou plus vraisemblablement une part de
soi qui redoute d’autres conséquences que d’échapper à
l’examen: la douleur, ne plus pouvoir faire ce qu’on veut pendant
des semaines, etc. L’intention ne disparaît pas pour autant. Elle
continue d’agir. Comme un courant qui, si on le bloque, trouve des
voies de contournement, la pensée crée un chemin vers un futur
possible où le bras pourrait être effectivement cassé. Par exemple
en me faisant bousculer par un véhicule que je n’aurai pas vu
venir. Mais jusqu’à la dernière fraction de seconde, j’aurai la
possibilité d’éviter le choc (de fait je n’ai pas eu
d’accident, et j’ai réussi le concours). C’est tout l’intérêt
de cette voie contournée.
Que
l’accident ait lieu ou non, toute cette affaire déployée dans le
temps révélera, ou pas selon l’attention qu’on lui accordera
rétrospectivement, le lien entre intention et manifestation. Dans ce
cas le monde physique est utilisé pour ralentir la manifestation.
Une part de nous accepte de limiter la portée de la première
équations en ajoutant une contrainte:
intention + croyance
en la réalité physique = manifestation dans le temps
C’est
une voie d’apprentissage de l’équation plus fondamentale:
intention = manifestation
Celle-ci
agit quoiqu’il arrive. C’est pourquoi le même terrain de jeux
peut être aussi celui de la magie et des miracles. Ce qu’il semble
d’ailleurs être pour les chenilles et les orchidées, sans doute
aussi pour les atomes et les galaxies (voir kosmogonie
chapitre 2 la vie des galaxies spirales), ou encore dans les
guérisons spontanées, les poltergeists, etc. Mais la plupart du
temps et pour la plupart d’entre nous, c’est d’abord une école.
Regardant nos pensées, nos actions, les conséquences, se révèle
dans toute son ampleur l’immaturité de cet homo pas sapiens
du tout. La situation d’apprentissage va de pair avec le droit à
l’erreur, cela va de soi. Mais, individuellement et collectivement,
qu’il faille systématiquement recourir à la douleur pour gagner
un soupçon de compréhension, c’est au fond cela la plus grande
preuve d’immaturité. Cette espèce qui se croit tellement
au-dessus des autres n’est que dans l’enfance de son évolution,
pas plus loin que la maternelle dirai-je. Derrière l’ignorance
masquée par l’arrogance et la grandiloquence, cette planète se
révèle pour elle comme un bac à sable où chaque humain
individuellement, et l’espèce collectivement, se fait en faisant,
défaisant, refaisant, bref où chacun avec tous dévoile les règles
du Jeu de la Création.
Le
fonctionnement du monde est parfait.
Nous sommes créateurs et cocréateurs.
À chacun de jouer...
Chaudon, janvier 2021